Tunisie: une dizaine de journalistes, dont un correspondant de RFI, violentés par la police
En Tunisie, une dizaine de journalistes ont été molestés par la police, vendredi 14 janvier. Parmi eux, le correspondant de RFI Mathieu Galtier. Il couvrait, pour le journal français Libération, une manifestation contre le président Kaïs Saïed. RFI condamne avec force cette agression policière contre son correspondant à Tunis.
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Le rassemblement, à l'appel de l'opposition et interdit officiellement en raison du Covid, entendait commémorer également le onzième anniversaire de la chute du régime de l'ex-président Ben Ali.
Notre confrère et collègue Mathieu Galtier, qui est aussi le correspondant de plusieurs médias français, a été violemment frappé à terre par plusieurs policiers. Ils lui ont arraché son téléphone et sa carte de presse, qui lui ont été restitués plus tard.
« Alors qu'il était en train de filmer l'arrestation d'un manifestant, il a été agressé par un policier malgré le fait qu'il portait le dossard de journaliste. Il a bien expliqué qu'il était journaliste, aussi bien en arabe qu'en français, mais les policiers l'ont quand même plaqué par terre et roué de coups », affirme le directeur du bureau Afrique du Nord de Reporters sans frontières Souhaieb Khayati.
En revanche, la carte mémoire de son téléphone sur laquelle étaient enregistrées les images vidéo de la manifestation et de la répression policière a disparu. Mathieu Galtier s'est vu prescrire 15 jours de repos par un médecin qui a constaté une blessure au front.
« Pas des pratiques isolées »
Plusieurs ONG ont réagi à ces violences. C'est le cas notamment de l'association des correspondants étrangers en Afrique du Nord et du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux.
« Nous condamnons fermement cette agression policière envers le correspondant ici à Tunis. Nous avons demandé l’ouverture d’une enquête au sein du ministère de l’Intérieur. Ces pratiques ne sont pas des pratiques isolées, affirme Alaa Talbi, l’un des dirigeants du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, joint par RFI.
Ce n’est pas le premier journaliste qui a été agressé, et ce qui s’est passé hier confirme encore une fois que le système policier ou l’État policier gouvernent toujours en Tunisie, même dix ans après la révolution. On est toujours dans les mêmes pratiques, on est toujours dans le non-respect des droits de l’homme, dans le non-respect du droit à des manifestations et nous sommes aussi dans le fait surtout que l’on n’est pas en train d’aider les journalistes à dévoiler la vérité et à faire leur travail. »
Le Syndicat des journalistes tunisiens fait part de son inquiétude face à un usage de la force de plus en plus violent.
Nous mènerons une campagne civique nationale pour défendre la liberté de la presse, d'expression et la liberté en général en Tunisie. Il y a beaucoup d'atteintes contre les journalistes [...]
Mehdi Jelass, président du syndicat des journalistes tunisiens
La direction de RFI se joint au quotidien Libération pour condamner avec force cette agression policière contre notre correspondant.
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