Brésil: l'exploitation des réseaux sociaux à des fins politiques prend une tournure judiciaire

Jair Bolsonaro a largement utilisé ce qu’on appelle les milices digitales pendant la campagne électorale, pour attaquer son adversaire.
Jair Bolsonaro a largement utilisé ce qu’on appelle les milices digitales pendant la campagne électorale, pour attaquer son adversaire. AP - Eraldo Peres

Au Brésil, l'exploitation des réseaux sociaux à des fins politiques contribue souvent au climat de polarisation entre le président Bolsonaro et ses adversaires. Mais pour la première fois, la justice a destitué un élu en raison de ses pratiques sur internet. Jair Bolsonaro faisait, lui aussi, l'objet d'une plainte devant le Tribunal supérieur électoral. Quelle est la gravité de cette affaire à un an de la prochaine présidentielle au Brésil et pourquoi ce député, Fernando Franceschini, a-t-il été sanctionné ?

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De notre correspondant à Sao Paulo,

Fernando Franceschini est une personnalité relativement peu connue de la politique brésilienne. C'est un député de l'assemblée locale de l'État du Paraná, dans le sud du pays. Il est commissaire de police, mais c'est aussi un proche de Jair Bolsonaro.

Il fut l’un des coordonnateurs de sa campagne présidentielle de 2018 et, à l’époque, il avait orchestré une campagne sur les réseaux sociaux contre les urnes électroniques, en disant que les élections avaient été truquées et que Jair Bolsonaro, en fait, aurait dû être élu dès le premier tour. C’est un argument que l’on entendait beaucoup chez les sympathisants de l'actuel président.

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Et c’est en raison de la dissémination de ces fausses nouvelles, de ces fake news en quelque sorte, par le biais des réseaux sociaux, qu’il vient d’être destitué. Il a aussi été déclaré inéligible pour une durée de huit ans, mais il peut encore faire appel devant la Cour suprême.

Bolsonaro mis en cause pour ses pratiques électorales

Jair Bolsonaro et ses militants ont souvent été mis en cause par la Cour suprême. Il a également été mis en cause pour ses pratiques électorales. Pourtant, dans le même temps, Jair Bolsonaro et le vice-président Hamilton Mourão ont été relaxés dans une affaire similaire par le Tribunal supérieur électoral.

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Jair Bolsonaro a largement utilisé ce qu’on appelle les « milices digitales » pendant la campagne électorale, pour attaquer son adversaire. Une journaliste, Patricia Compos Mello, a même publié une enquête à ce sujet et a publié un livre sur les réseaux de fake news, financés par des chefs d’entreprise au profit de Jair Bolsonaro, mais la justice a estimé qu’il n’y avait pas de preuves.

Deux poids, deux mesures ?

Il faut tout de même considérer que cela constitue un avertissement très ferme de la justice à l’égard de Jair Bolsonaro en vue des élections de l’année prochaine, puisque le juge qui a prononcé ce verdict a clairement dit : « Si ça recommence, les candidatures seront invalidées et les gens qui font cela iront en prison pour attentat contre la démocratie ».

Ce magistrat, Alexandre de Moraes, a dirigé l’enquête sur les fake news à la Cour suprême et il présidera le Tribunal supérieur électoral l’année prochaine, lors des élections.

Rappelons que la commission d’enquête sénatoriale sur le Covid a demandé que Jair Bolsonaro soit banni des réseaux sociaux en raison de ses déclarations récentes sur You Tube, associant le vaccin contre le Covid-19 au sida.

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