COP26: le président argentin veut convertir la dette en investissements environnementaux
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Dans le cadre de la COP26 à Glasgow, le président argentin doit proposer ce mardi 2 novembre en session plénière la création d'un mécanisme de conversion de dettes en investissements environnementaux, pour aider les pays en développement dans leur transition écologique.
Avec notre correspondant à Buenos Aires,
Alberto Fernández voudrait que les pays en développement puissent annuler une partie de leur dette souveraine s'ils s'engagent, en contrepartie, à investir les sommes économisées dans la lutte contre le changement climatique. Le président argentin estime qu'un tel mécanisme permettrait de concilier la récupération économique post-Covid-19 avec l'urgence climatique.
C'est aussi une manière de renouveler la solidarité des pays développés qui n'ont pas tenu leur promesse, formulée en 2009, de mobiliser à partir de 2020 cent milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à financer la lutte environnementale. « Soit nous globalisons la solidarité, soit nous globalisons l'indifférence », avait prévenu Alberto Fernandez lors du forum des économies majeures sur l'énergie et le climat en septembre dernier.
Le chef de l'État argentin peut compter sur le soutien explicite du pape François et, dans une moindre mesure, sur celui de Kristalina Georgieva. La directrice du FMI s'est montrée ouverte à la mise en place d'un tel système, estimant qu'il pourrait permettre « d'accélérer l'action climatique des pays en développement ». Mais pour voir le jour, cette proposition doit surtout recevoir le soutien des principaux contributeurs du FMI, c'est-à-dire les pays développés.
La « dette écologique »
L'Argentine relance ainsi le débat sur la « dette écologique » des pays riches à l'égard des pays en développement. Ce vieux débat a souvent été un point de blocage dans les négociations sur le climat à l'échelle multilatérale. Il reflète un enjeu d'équité : les pays les plus pauvres sont en première ligne d'un changement climatique dont ils ne sont pas historiquement responsables.
Avec cette proposition, l'Argentine se fait le porte-parole des pays du Sud. En l'absence du président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador et de son homologue brésilien et climatosceptique Jair Bolsonaro, Alberto Fernandez veut profiter de la COP26 pour afficher l'Argentine comme le champion latino-américain du climat.
Un discours volontariste qui tarde cependant à se traduire en mesures concrètes. Car si le président argentin annoncera ce mardi une révision à la hausse des engagements de son pays à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, la loi sur les hydrocarbures présentée en septembre interroge sur les moyens que se donne son administration pour réaliser la transition énergétique argentine. C'est aussi le message qu'il souhaite faire passer avec cette proposition sur la conversion de dettes en investissements écologiques : nous sommes prêts à prendre des engagements ambitieux, mais aidez-nous à les financer.
Alléger la pression de la dette argentine
Au-delà de l'aspect climatique, cette proposition est en phase avec la volonté d'Alberto Fernandez de réévaluer les règles financières internationales. Pour le président argentin, un tel mécanisme viendrait également répondre en partie à l'une des priorités affichées de son mandat : la renégociation de la dette de 44 milliards de dollars souscrite par son prédécesseur auprès du FMI.
Alors qu'un accord avec l'organisme financier tarde à se concrétiser, et que l'attitude à adopter vis-à-vis du FMI divise la coalition gouvernementale, à l'approche des élections législatives de mi-novembre, la conversion d'une partie de cette dette en investissements écologiques serait pour Alberto Fernandez un moyen d'alléger la pression des créanciers sur son pays.
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