Nicaragua: au Costa Rica, les opposants à Ortega donnent de la voix

La marche des Nicaraguayens de tout le Costa Rica, à San José le 7 novembre. Voisin du Nicaragua, le pays accueille plus de 100 000 demandeurs d’asile.
La marche des Nicaraguayens de tout le Costa Rica, à San José le 7 novembre. Voisin du Nicaragua, le pays accueille plus de 100 000 demandeurs d’asile. © RFI / Marie Normand

Alors que les Nicaraguayens étaient invités à élire leur président et leurs députés, ce dimanche 7 novembre, l'opposition en exil est descendue dans la rue pour appeler à boycotter les urnes. Ce scrutin ne trompe personne : les cinq candidats inscrits pour affronter Daniel Ortega sont des faire-valoir compromis avec le pouvoir. Tous ses rivaux sérieux ont été placés en détention. La principale marche avait lieu au Costa Rica voisin.

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Avec notre envoyée spéciale à San José, Marie Normand

Le Costa Rica est le pays qui a accueilli le plus de Nicaraguayens en exil depuis le début des manifestations contre le président Daniel Ortega et son épouse, la vice-présidente Rosario Murillo, en avril 2018. Ils sont 103 500 dans ce pays voisin, selon la Direction des migrations et des étrangers. 

Dans un communiqué dimanche, le ministère des Affaires étrangères du Costa Rica annonce qu'il ne reconnaît pas le processus électoral en cours du Nicaragua, en raison de l'absence de garanties pour que le scrutin soit transparent, crédible, juste et inclusif.

Alors que leur pays votait, environ 3 000 réfugiés nicaraguayens se sont retrouvés ce dimanche dans le centre de la capitale costaricaine. La manifestation s'est terminée vers 19 heures (heure française), devant l'Assemblée nationale du Costa Rica, après un kilomètre et demi de marche en plein cœur de San José sous la pluie.

Certains participants sont venus de très loin, du nord du pays par exemple, avec des groupes de paysans qui ont des représentants emprisonnés au Nicaragua.

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Tous s'étaient donné rendez-vous en matinée, drapeaux bleu et blanc nicaraguayen à la main, symbole du soulèvement populaire de 2018 durement réprimé à l'époque – plus du 300 morts. Ce drapeau, il n'est plus possible aujourd'hui de l'arborer dans la rue au Nicaragua, sous peine de prison.


Les personnes qui marchent maintenant avec ce drapeau dans la rue au Nicaragua sont arrêtées. Les autorités préfèrent qu'ils sortent avec le drapeau du Front sandiniste, le parti au pouvoir, et c'est tout. Pour eux, le drapeau bleu et blanc a représenté un danger. Ils ne nous permettent pas là-bas de dire librement qu'il n'y a pas de démocratie dans notre pays

Glaucia Luna tient un drapeau nicaraguayen, devenu un symbole de la lutte


 

Certains sont venus déguisés, en clown par exemple, pour dénoncer disaient-ils un « cirque », « une farce électorale », bref une élection sans opposition réelle, puisqu'une quarantaine d'opposants ont été arrêtés, dont sept candidats à la présidentielle notamment. Des personnes dont les manifestants réclament bien sûr la libération.

 


Ce gouvernement est devenu une tragédie pour nous. Quand Daniel Ortega est arrivé au pouvoir, il a changé toute l'idée originelle de la révolution. Lui et sa famille ont commencé à s'enrichir de façon vertigineuse. Si nous mettions, nous l'opposition, un chien, un chat, ou un cheval en concurrence face à lui, on gagnerait les élections

Noël, en clown, se présente comme un vétéran de l'armée, qui a cru à la révolution


 

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Les exilés du Costa Rica demandaient aussi aux Nicaraguayens de ne pas aller voter ce dimanche, même pour voter blanc ; de rester chez eux, pour ne pas donner l'impression d'une affluence devant les bureaux de vote.

Ils ont demandé enfin à la communauté internationale de ne pas reconnaitre les résultats des élections, voire d'imposer des sanctions au gouvernement Ortega.

Dire cela au Nicaragua, même sur les réseaux sociaux, suffit actuellement pour se retrouver incarcéré, pour une durée indéterminée, pour trahison à la patrie. Cela tombe sous le coup de nouvelles lois votées récemment, qui suppriment de fait toute liberté d'expression dans le pays.

Des manifestations similaires en soutien au Nicaragua ont été organisées à Barcelone, en Espagne et à Miami, aux États-Unis. Vingt-cinq marches étaient prévues à travers le monde au total.

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