Fin de la campagne au Venezuela: des observateurs de l'UE pour des scrutins qui divisent

L'opposant vénézuélien Tomás Guanipa, candidat à la mairie de la capitale cette année, lors d'une manifestation contre le gouvernement de Nicolás Maduro à Caracas en 2017 (photo d'illustration).
L'opposant vénézuélien Tomás Guanipa, candidat à la mairie de la capitale cette année, lors d'une manifestation contre le gouvernement de Nicolás Maduro à Caracas en 2017 (photo d'illustration). © JUAN BARRETO / AFP

Les Vénézuéliens votent dimanche 21 novembre. Ils élisent leurs maires, conseillers municipaux et gouverneurs de région. Pour la première fois depuis trois ans, l'opposition participe aux scrutins, qui auront par ailleurs lieu sous le regard de l'Union européenne, puisque pour la première fois en quinze ans, le gouvernement du Venezuela a invité des observateurs de l'UE. L'opposition se présente en ordre dispersé, s'organisant tant bien que mal contre le PSUV.

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On entendait de toutes les langues, lors du déploiement des observateurs électoraux ce jeudi. Ils sont français, allemands, espagnols et ils viennent de se répartir sur l'ensemble du territoire vénézuélien.

Mais leur présence fait polémique, relate notre envoyée spéciale à Caracas, Alice Campaignolle. Certains membres de l'opposition reprochent à l'Europe de légitimer ainsi un processus électoral douteux.

Pour Beatrix Boonekamp, coordinatrice des observateurs, il n'en est rien. « On ne légitime pas le processus. Simplement, ce sera une analyse objective de ce qui est observé par tous les observateurs pendant le processus », explique-t-elle.

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« Observer », voilà le mot que l’on répète à l'envi, ici. Pas d'intervention, pas d'opinion ; seulement un regard sur le processus de vote et un rapport qui sera publié le 23 novembre.

Mais les regards se porteront aussi sur les observateurs eux-mêmes, comme explique l'un d'eux, Jacub Dolezel : « Je pense que tout le monde va nous observer. D'abord les gens, vénézuéliens, qui je l'espère se sentent soutenus par la communauté internationale. Mais aussi tous les acteurs : les partis politiques, tout le personnel des bureaux de vote... »

Beaucoup d’attentes autour de cette mission électorale en effet. Est-elle vraiment un premier pas vers la pacification de la vie politique vénézuélienne, et vers une amélioration du processus démocratique ? Le temps le dira.

Le grand retour de l'opposition

D'ici là, la campagne a pris fin. Mercredi, une caravane de motos a accompagné Tomás Guanipa, candidat de l'opposition à la mairie de Caracas et allié du président autoproclamé Juan Guaidó, qui a quant à lui disparu du paysage politique depuis des mois.

Tomás Guanipa a peu de chances de gagner. Mais il veut parier sur le ras-le-bol des citoyens. « Cette élection, a-t-il lancé mercredi, concerne la mauvaise qualité de vie des citoyens, leur environnement, la destruction de Caracas et le rejet profond contre Maduro. »

Il est le candidat d'une coalition politique réunissant plusieurs courants de l'opposition. Mais en réalité, l'unité est bien loin. Principal point de discorde : participer ou non à ces élections. Depuis 2018, l'opposition vénézuélienne boycottait tous les scrutins, considérant que les conditions n'étaient pas réunies pour vivre des élections libres.

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Certaines personnalités politiques, comme María Corina Machado, n'ont toujours pas changé d'avis sur la participation. À ses yeux, « ce n'est pas un processus électoral ». « Ce qui compte, dit-elle, c'est de blanchir le régime et il n'y a pas mieux pour le légitimer que cette élection. »

La stratégie du boycott s'étant révélée inutile, l'opposition revient donc bel et bien. Désormais, l'un des grands enjeux sera l'abstention. Car ils restent nombreux, ces Vénézuéliens qui ne veulent pas retourner voter.

Le pouvoir en ordre de bataille

Du côté du pouvoir, pour clore la campagne du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), les principaux dirigeants du régime au pouvoir sont montés jeudi sur scène à Petare, un quartier populaire qui fut l'un des bastions du chavisme.

Ils y ont soutenu Héctor Rodríguez, le gouverneur sortant de l’État de Miranda, dans lequel se situe Caracas. Plusieurs centaines de militants sont rassemblés devant la scène. La vice-présidente vénézuélienne et même le fils du président Maduro avaient fait le déplacement, relate Stefanie Schüler et Bertrand Haeckler, également envoyés spéciaux de RFI.

Ils parlent de la révolution bolivarienne qui reste, selon eux, la seule vision réaliste pour le Venezuela. Mais les électeurs du PSUV, comme tous les Vénézuéliens, subissent de plein fouet la crise économique. Et ils adressent des réclamations concrètes aux dirigeants socialistes.

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« Le gouvernement doit se focaliser davantage sur les besoins de la population, sur les services publics de base : l'eau, l'électricité, la nourriture, l'éducation, la santé. C'est le minimum pour que le pays puisse aller mieux », confie une militante, toute de rouge vêtue.

Le gouverneur sortant de l'État de Miranda est arrivé sur scène en père de famille, entouré de son épouse et de leurs trois enfants. « Nous avons gouverné durant des années plus que difficiles en raison des sanctions et en pleine pandémie. Mais le peuple chaviste a su tenir tête à la tempête et affronter les problèmes », a-t-il plaidé. 

Héctor Rodríguez promet que sous son éventuel prochain mandat, les Vénézuéliens « retrouveront la qualité de vie qu'ils avaient à l'époque d'Hugo Chávez ».

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