Violences faites aux femmes: au Mexique, les féministes plaident pour la légitime défense face aux féminicides
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Ce jeudi 25 novembre, c’est la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Au Mexique, 10 femmes sont assassinées chaque jour. Quelques 3 700 morts violentes ont été enregistrées en 2020, mais moins d'un quart ont fait l'objet d'une enquête pour féminicide. La faute aux défaillances du système judiciaire. Mais les femmes cherchent à se défendre, notamment par la pratique des sports de combat.
Les féministes au Mexique plaident pour la légitime défense et la pratique des sports de combat face aux féminicides qui se succèdent à une moyenne de plus de deux par jour. Les manifestantes vont sans doute réclamer la libération de Roxana Ruiz, en détention préventive depuis mai dernier, à Mexico ce jeudi à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.
Roxana Ruiz, 21 ans, mère d'un petit garçon de quatre ans, est accusée d'avoir tué l'homme qui, d'après son témoignage, l'a violée et a menacé de la tuer en mai dernier. « Maintenant que je suis en prison, je me dis que les lois et la société sont injustes, écrit la jeune femme depuis la prison, dans une lettre rendue publique le 22 octobre. J'aurais peut-être dû laisser mon agresseur s'en sortir et qu'il me laisse morte ou blessée. »
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Dans sa lettre, Roxana Ruiz raconte qu'après avoir pris une bière avec une collègue, une vague connaissance a insisté pour la raccompagner puis pour dormir chez elle. L'homme l'a ensuite agressée sexuellement, et frappée en proférant des menaces de mort, d'après son témoignage. Elle ajoute qu'elle a asphyxié son agresseur en se défendant avec une chemise.
« Un tiers des meurtres de femmes sont des féminicides »
De janvier à septembre, le Mexique et ses 128 millions d'habitants ont enregistré 736 féminicides. Au 975, il y en eu au total l'année dernière, d'après les chiffres officiels. « Environ un tiers des meurtres de femmes au Mexique sont des féminicides, mais cette piste n'est pas suffisamment exploitée, estime Edith Olivares Ferreto, directrice d'Amnesty International Mexique au micro de Melissa Barra,de la rédaction en espagnol de RFI. Il y a des pertes de preuves. Il n'existe pas non plus d'instruments permettant de conserver les preuves ou de les collecter à temps, et la question du genre n'est pas prise en compte ou pas suffisamment. »
Par exemple, les expertises nécessaires pour qualifier le meurtre de féminicide ne sont pas collectées. « Le prélèvement vaginal qui permet de déterminer des violences sexuelles, l'examen des ongles pour déterminer si la victime s'est défendue et qui peut aussi permettre de récolter de l'ADN. Si ces preuves ne sont pas collectées à temps, elles se perdent à jamais. Toutes les pistes ne sont pas exploitées jusqu'au bout, ce qui explique pourquoi les dossiers restent ouverts 5, 10, 15, 20 ans, sans pouvoir être clôturés et portés devant les tribunaux », ajoute Edith Olivares Ferreto.
Soutien de la société
En 2013 déjà, le cas de Yakiri Rubio, qui avait blessé à mort son agresseur sexuel à Tepito, un quartier chaud de Mexico, avait troublé l'opinion publique. Rubio, 28 ans aujourd'hui, a été acquittée en mai 2015 après de la détention préventive puis une période de liberté conditionnelle. Son avocate Ana Suarez avait réussi à plaider la légitime défense.
Campaña #25N
— Yakiri Rubio Aupart (@Yakiri_Rubio) November 24, 2021
Éstas son sólo algunas de las voces sobrevivientes de feminicidio @HumanizandoA @prensacimac @elwesomx @AtzirieAvila @yohaliresendiz @oliviazeron @azucenau @OCNF @TapiaFernanda @DeniseMaerker @Pat_MercadoC @marisolgase @MarthaTagle @MaluMicher @IndiraKempis pic.twitter.com/ArEoRPWaZo
Forte de sa dramatique expérience, Yakiri Rubio conseille aux femmes de bien se renseigner si elles ont affaire à la justice pour des cas de légitime défense. Et en guise de conclusion : « Il est important que la famille te croie, que la société te soutienne et prenne soin de toi, et que les médias racontent l'exacte vérité ».
( Et avec AFP)
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