Honduras: forte participation à la présidentielle de dimanche, Xiomara Castro revendique la victoire

Au Honduras les électeurs se sont rendus aux urnes dimanche 28 novembre pour élire un nouveau chef de l'Etat pour succéder à Juan Orlando Hernandez du Parti National, qui ne se représentait pas. La candidate de gauche Xiomara Castro a revendiqué dès dimanche soir la victoire face à Nasry Asfura, dauphin du président de droite sortant.

Journée d'élection présidentielle au Honduras le 28 novembre 2021. Xiomara Castro (C), du parti LIBRE, est l'une des favorites du scrutin.
Journée d'élection présidentielle au Honduras le 28 novembre 2021. Xiomara Castro (C), du parti LIBRE, est l'une des favorites du scrutin. © REUTERS/ Jose Cabezas
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La participation des électeurs s'est établie au niveau « historique » de 62%, a annoncé dimanche soir le Conseil National électoral (CNE), annonçant de premiers résultats partiels.

Avec les bulletins de plus de 41% des centres de vote dépouillés, Xiomara Castro, épouse de l'ancien président Manuel Zelaya renversé en 2009 par un coup d'Etat, obtient 53,46% des suffrages, tandis que son adversaire du Parti National (PN, droite) Nasry Asfura obtient à peine plus de 34% des voix.

Le CNE a insisté sur le caractère provisoire et partiel de ces résultats et a exhorté les candidats et les électeurs à attendre les résultats définitifs mais le camp de Xiomara Castro a commencé à fêter sa victoire dimanche soir. « Nous avons gagné ! », a-t-elle lancée devant ses partisans réunis au siège de son parti Libre.

La promesse d'un « gouvernement de réconciliation »

Xiomara Castro a promis dès dimanche soir de « former un gouvernement de réconciliation » et d'instaurer une « démocratie participative ». « Je tends la main à mes opposants, car je n'ai pas d'ennemis », a-t-elle dit en promettant de chasser « la haine, la corruption, le trafic de drogues, le crime organisé...» À la tête du parti Libre, Xioamara Castro, 62 ans, n'en est pas à sa première candidature à la présidentielle. En 2013, M. Hernandez l'avait battue d'une courte tête et était ensuite passé outre la Constitution pour se présenter pour un second mandat en 2017. Sa douteuse réélection sur le fil face à la star de la télévision Salvador Nasralla avait déchaîné de violentes manifestations. sous le spectre de la fraude, qui a fait près de trente morts en 2017.

En 2021, les circonstances ont changé. Outre le fait que plusieurs candidats à la présidentielle ont choisi de se retirer pour soutenir Xioamara Castro, le risque de fraude lors du scrutin est moindre, analyse Víctor Meza, directeur de l'ONG Centro de Documentación de Honduras, joint par Hugo Passarello de la rédaction Amérique latine« et bien que la possibilité de fraude reste un danger potentiel, je peux affirmer catégoriquement que les chances de réaliser une fraude comme celle de 2017 sont pratiquement impossibles. En d'autres termes, la fraude n'est pas exclue, mais les chances de la réaliser sont infiniment plus faibles. »

Une corruption endémique

Le bilan du président sortant plaide également en faveur d'un changement à la tête de l'Etat, selon les analystes comme Raul Pineda, ancien député du Parti National, interrogé par l'Agence France presse : plus que d'un vote d'adhésion, Mme Castro a bénéficié d'un vote sanction contre le parti de droite au pouvoir, selon l'analyste Raul Pineda, ancien député du Parti National. « Les gens ne voteront pas pour Xiomara, mais contre (le président sortant) Juan Orlando Hernandez et ce qu'il représente », avait-il prédit. La question qui mobilise le plus la population est la corruption, confirme Víctor Meza, également ancien ministre de la Justice du président Zelaya, renversé par un coup d'Etat en 2009 et époux de Xioamara Castro : « Il y a une sorte de lassitude nationale, quelle que soit l'affiliation politique et la sympathie de chacun. Une lassitude nationale, une lassitude face à la dégradation éthique de la société, à l'instauration d'un régime d'hyper-corruption qui englobe pratiquement tous les maillons de la société hondurienne. La question de la corruption, si elle n'est pas la seule, je peux affirmer qu'elle est en première place. »

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Plus de la moitié des dix millions d'habitants vit sous le seuil de pauvreté, que la pandémie de coronavirus n'a fait qu'accentuer. Des dizaines de milliers de Honduriens tentent de rejoindre chaque année le million de leurs compatriotes ayant fui la violence et la misère, dans leur écrasante majorité aux Etats-Unis.

Le président sortant est par ailleurs mis en cause dans des affaires de crime organisé. Des trafiquant de drogue détenus aux Etats-Unis l'ont mis en cause et son frère Tony, a été condamné par un tribunal fédéral américain à la prison à vie pour son implication dans le trafic de 185 tonnes de cocaïne. 

(et avec AFP)

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