États-Unis: Joe Manchin, le grain de sable démocrate du plan Biden

Son plan « Build Back Better » - soit 1 750 milliards de dollars de dépenses devant faire triompher l'Amérique face au changement climatique et à la concurrence de la Chine - a reçu un coup peut-être fatal ce week-end après que le sénateur démocrate Joe Manchin, doté « de facto » d'un droit de « veto », a décidé de voter contre. Mais les démocrates ne veulent pas abandonner la partie.

Joe Manchin, sénateur démocrate, quitte le Capitole le 15 décembre 2021.
Joe Manchin, sénateur démocrate, quitte le Capitole le 15 décembre 2021. REUTERS - ELIZABETH FRANTZ
Publicité

Avec notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin

Il n’y aura pas de vote sur le plan de dépenses sociales et climatiques du président. Le projet est à l’arrêt depuis que le sénateur démocrate de la Virginie occidentale, Joe Manchin, a dit non, ce week-end. Mais les démocrates ne veulent pas encore abandonner ce projet.

Après l'avoir révélé dimanche sur Fox News, la chaîne conservatrice qu'affectionnait Donald Trump, l'élu de Virginie-Occidentale a répété, lundi 20 décembre, dans une interview à la radio West Virginia Metro News qu'il ne voterait pas en faveur de ces « réformes très très ambitieuses » visant à baisser le coût de la garde d'enfants ou des médicaments, à soutenir le pouvoir d'achat des ménages ou à encourager l'achat de voitures électriques. Ce centriste craint un effet inflationniste et juge que les aides devraient être plus ciblées. Or, sans lui, plus de majorité aux démocrates au Sénat. Et impossible de compter, comme Joe Biden l'a fait récemment pour voter de gigantesques dépenses d'infrastructures, sur des voix de l'opposition : les républicains considèrent que le plan « Build Back Better » à 1 750 milliards de dollars ferait basculer l'Amérique dans le « socialisme », l'ultime repoussoir politique aux États-Unis.

Chuck Schumer à la manoeuvre

Le président et Joe Manchin sont amis depuis longtemps et c’est toujours le cas. 24h après un communiqué dans lequel elle dénonçait avec virulence une rupture des engagements du sénateur démocrate centriste de la Virginie occidentale vis-à-vis du président et des autres élus démocrates, la porte-parole de la Maison Blanche essaie de montrer que le deuxième plan n’est pas mort.

L’administration Biden fait d’ailleurs savoir qu’il y a eu un contact téléphonique entre les deux vieux amis après l’annonce par Joe Manchin sur la chaîne conservatrice Fox News de son retrait des négociations. C’est que le président doit faire face à la colère des élus progressistes, la gauche du parti démocrate. Ils se sentent floués. Ils expliquent qu’ils avaient voté en faveur du plan d’infrastructures en échange de la promesse que le Sénat voterait rapidement en faveur du second plan désormais bloqué. Ils réclament maintenant que le président utilise ses pouvoirs exécutifs pour faire passer des mesures qu’il contient. 

Le chef de la très courte majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, tentait de remonter les troupes de son camp dans un communiqué : « Nous allons voter sur une version révisée » du grand projet et « nous allons continuer à voter jusqu'à ce que nous ayons quelque chose ». Il veut donc organiser un vote à la rentrée pour mettre tout le monde face à ses responsabilités. Il vise évidemment Joe Manchin. Celui-ci s’est expliqué ce lundi sur une radio locale de son État pour laisser entendre qu’il n’est pas du genre à se laisser intimider.

À lire aussi : États-Unis: le sénateur démocrate Joe Manchin ne votera pas le vaste plan Biden «Build Back Better»

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI