États-Unis: Biden interdit l'importation de produits issus du travail forcé des Ouïghours

C’est une première mondiale. Joe Biden a signé jeudi 23 décembre une loi voté par le Sénat, interdisant l'importation de produits issus du travail forcé des Ouïghours dans la province du Xinjiang, en Chine. Pékin fustige le texte et menace de représailles.

Séance de signatures pour le président américain. Joe Biden a signé une loi interdisant l'importation de produits issus du travail forcé des Ouïghours dans le province du Xinjiang en Chine ( Image d'illustration).
Séance de signatures pour le président américain. Joe Biden a signé une loi interdisant l'importation de produits issus du travail forcé des Ouïghours dans le province du Xinjiang en Chine ( Image d'illustration). MANDEL NGAN AFP/File
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Ce texte, approuvé aussi bien par les démocrates que les républicains, ferme la porte aux importations de produits fabriqués en tout ou en partie au Xinjiang.

Le texte a été décrié par de nombreuses entreprises américaines, dépendantes de leurs approvisionnements en Chine. Elles ont fait part des risques de perturbations dans les échanges commerciaux, alors que leurs approvisionnements sont déjà pénalisés par la pandémie. Voilà pourquoi elles ont multiplié les campagnes de lobbying contre le texte. Elles ont été rappelées à l'ordre par la Maison Blanche. 

Une telle mesure devrait faire en revanche le bonheur des producteurs américains de coton et de tomates, deux produits interdits d'importation par la loi. Les États-Unis sont parmi les plus grands producteurs mondiaux aux côtés de la province chinoise.

La loi vise aussi un matériau qui entre dans la production de panneaux photovoltaïques, le polysilicium, dont le Xinjiang est l'un des plus grands acteurs mondiaux.

Unanimité au Sénat 

Une telle unanimité au Sénat américain est plutôt rare. Mais ce texte bipartisan a réuni les démocrates et les républicains, tous d'accord pour une politique plus agressive envers Pékin. 

Un consensus sur la dénonciation de l'esclavage des Ouïghours et sur la défense de la liberté religieuse de cette minorité musulmane. Joe Biden a fait de la rivalité avec la Chine l'axe majeur de sa politique étrangère.

Après plusieurs échecs récents sur d'autres projets de loi, la Maison Blanche s'est même fendue, dans son communiqué, d'un remerciement à un républicain, le sénateur de Floride Marco Rubio, qui porte ce projet de loi depuis l'année dernière.

Pékin accuse les États-Unis de calomnie

Coté chinois la réaction a été immédiate. Pékin accuse les États-Unis de « violer le droit international » et de « calomnier » la Chine. Le ministère chinois des Affaires étrangères a exhorté Washington à « réparer immédiatement ses erreurs », menaçant dans le cas contraire de représailles.

À en croire la Chine, les « résidents de tous les groupes ethniques qui vivent au Xinjiang mènent une vie heureuse et satisfaisante » ! C’est ce qu’a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Zhao Lijian, vendredi.

La loi américaine « est une interférence grave dans les affaires intérieures de la Chine. La Chine le déplore et le rejette fermement ».  Si les propos du porte-parole sont si virulents, c’est que la loi américaine va avoir des conséquences importantes : un exemple, il y a quelques jours, le géant américain de l’informatique, Intel, a demandé à ses fournisseurs d’éviter de produire aux Xinjiang.

►À lire aussi : Chine: le fabricant de puces Intel s'excuse après avoir appelé à ne pas commercer avec le Xinjiang

C’est une demande très mal vue en Chine, où la plupart des Chinois soutiennent la politique du gouvernement au Xinjiang, présentée officiellement comme une reprise en main musclée, mais qui cache les éléments les plus sordides de la répression, comme l’internement des millions de ouïgours dans des camps.

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