Un an après l'attaque du Capitole, la théorie de «l'élection volée» toujours vivace chez les pro-Trump
Un an après l’attaque du 6 janvier, les États-Unis sont encore traumatisés. Le journaliste David Thomson était sur place, à Washington, avec les manifestants sur les marches du Capitole pour RFI.
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Je me souviens du lendemain matin de cette journée totalement surréaliste, raconte notre correspondant aux États-Unis, David Thomson. Washington se réveille complètement groggy. La ville est sous couvre-feu et à l’accueil de l’hôtel où je séjourne, deux agents du FBI étaient en train de demander les noms des clients au réceptionniste. En fait, les autorités commençaient déjà leur travail méticuleux d’identification de ces centaines d’assaillants qui avaient investi le Capitole et les manifestants que je croisais dans l’hôtel faisaient plutôt profil bas, contrairement bien sûr à leur attitude euphorique, bravache et violente de la veille sur les marches du Congrès, avec leur drapeau et leur casquette rouge trumpiste.
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Je me souviens que ceux qui sortaient du Capitole après l’avoir saccagé étaient acclamés en héros par la foule qui restait agglutinée sur les marches. Tous ces gens venaient d’interrompre le processus démocratique à l’incitation du 45e président des États-Unis. Ils étaient donc sûrs de leur fait, et ceux avec qui j’ai gardé contact aujourd’hui pensent encore que leur action était légitime puisqu’ils sont encore convaincus, un an après, de la réalité de ce mythe de l’élection volée créé par Donald Trump.
La théorie de « l'élection volée » toujours vivace chez les conservateurs
Car un an après, Donald Trump n'a pas changé de discours. L'ancien président refuse toujours obstinément de reconnaître sa défaite face à Joe Biden. Et ils sont une majorité de républicains à le suivre.
Dans une église de Dallas, ils sont 3 500 partisans de Donald Trump, tous réunis sans masques pour écouter l’un des fils de l’ex-président, Eric, marteler une fois encore le mythe de l’élection volée. « En 2016, on a gagné, comme vous le savez. Et vous savez qu’on a gagné en 2020 aussi, n’est-ce pas ? »
Dans l’assistance, Laurie applaudit joyeusement. Un an après l’élection, cette commerçante du Missouri refuse toujours de reconnaître la victoire de Biden. « Non, non, non ! Il n’a pas arrêté de tricher. C’est d’ailleurs écrit sur mon T-shirt : Jésus est mon sauveur et Trump est mon président ! »
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Comme elle, ils sont trois républicains sur quatre à penser que Joe Biden n’a pas été légitimement élu. Pourtant, aucune fraude n’a jamais été prouvée et la soixantaine de procès intentés par les avocats de Donald Trump ont tous été rejetés par la justice américaine. Mais Laurie a perdu confiance en ces juges. « Ils sont tombés sur des juges de gauche. » Beaucoup de ces juges avaient pourtant été nommés par Trump ? « Oui, mais ça, c'est parce qu’ils avaient peur de perdre leur travail. »
Depuis la présidentielle, Kevin et Laurie maudissent aussi Fox News. Cette chaîne d’information pourtant très conservatrice a, selon eux, trahi Trump en confirmant la victoire de Biden. « Maintenant, on n’écoute plus que des podcasts de vrais conservateurs sur internet, car on ne peut plus faire confiance à grand monde », expliquent-ils.
Malgré tout, cette conservatrice compte encore voter à la présidentielle de 2024, en espérant que ce sera pour Donald Trump qui reste, de loin, le candidat favori des militants républicains.
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