Guérilla urbaine à Rio de Janeiro
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Des affrontements extrêmement violents entre gangs des favelas et forces de l’ordre ont fait 12 morts en trois jours, au cours de véritables scènes de guérilla urbaines. Durant la seule journée du 24 novembre, 10 personnes, présentées comme des trafiquants de drogue par les forces de l’ordre, ont été tuées dans des favelas. La veille, deux autres étaient morts au cours d'échanges de tirs entre narcotrafiquants et forces de l'ordre. En tout, plus de 150 personnes ont été arrêtées.
Avec notre correspondant à Rio, François Cardona
Tirs d’armes automatiques, jets de grenades, barricades, cocktails molotov et courses poursuites dans les ruelles des favelas…Les deux camps ne se sont pas épargnés. La police, à laquelle était venue prêter main forte la police militaire et ses unités d’élite, ont dû faire face à une forte résistance. Le tout dans plus d’une trentaine de quartiers.
Braquages spectaculaires
Tout a commencé dimanche 21 novembre, lorsque de petits groupes de voleurs ont multiplié les braquages de voitures, notamment sur les grandes artères de Rio de Janeiro –dont celle, très sensible, menant à l’aéroport. Les automobilistes aussitôt dépouillés de leurs biens, les agresseurs ont systématiquement mis le feu aux voitures, après en avoir extrait leurs occupants.
Des actions spectaculaires largement relayées dans les médias brésiliens. Puis dans la nuit du 23 au é4 novembre, dix-huit véhicules dont cinq autobus et un mini-bus ont été incendiés. Un poste de police a également été mitraillé. Ce qui a conduit les autorités à renforcer la présence des forces de l’ordre dans les favelas qui entourent Rio. Et c’est cette étincelle qui a mis le feu aux favelas.
Trêve des gangs
Les autorités brésiliennes affirment que ces actions étaient mûrement réfléchies et coordonnées. Les chefs de gangs emprisonnés auraient réussi à faire passer des messages à leurs troupes à l’extérieur de la prison. Leur objectif : faire reculer les UPP, les unités de police envoyées dans les favelas ces deux dernières années pour les pacifier, en vue de la Coupe du monde de football de 2014, et les Jeux Olympiques de 2016.
Selon le secrétaire à la Sécurité de l'Etat de Rio, José Mariano Beltrame, les services de renseignement brésiliens estiment que deux grandes factions rivales de narcotrafiquants avaient conclu une trêve et décidé de s’unir pour faire face aux forces de l’ordre. Il s'agirait du Comandovermelho et de l'ADA (l’acronyme de "amis des amis"). Deux gangs qui dominent les deux plus grandes favelas de Rio, celles de la Rocinha, au sud et du Complexo do Alemao, située elle au nord de la ville. Or c’est justement dans ces deux zones que les affrontements ont été les plus violents ce 24 novembre.
Treize favelas pacifiées sur mille
Un tel déchaînement de violence ne fait évidemment pas une bonne publicité à la ville de Rio de Janeiro, quatre ans avant la Coupe du monde de football. Les autorités brésiliennes ont donc décidé d’employer la manière forte. « Si les violences continuent nous doublerons les effectifs de police » a martelé mercredi soir, le secrétaire à la Sécurité de l'Etat de Rio de Janeiro. Pas moins de 1 200 policiers étaient déjà été mobilisés et toutes les casernes avaient été mises en alerte.
Depuis deux ans, seules treize favelas ont été pacifiées. La ville mise sur un objectif de quarante d'ici la tenue de la Coupe du monde. Or Rio de Janeiro compte plus d’un millier de bidonvilles.
A consulter : Diaporama O Globo et Folha :
g1.globo.com/rio-de-janeiro/fotos/2010/11/veja-fotos-dos-carros-incendiados-no-rio.html
fotografia.folha.uol.com.br/galerias/1533-violencia-no-rio-de-janeiro#foto-28763
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