Des Africains aux Etats-Unis: la success story de Sam Nyambi
Premier portrait d'une série de sept, consacrés aux Africains qui ont tenté leur chance aux Etats-Unis : une success story. L’ingénieur américano-camerounais Sam Nyambi, 52 ans, dont trente passés aux Etats-Unis, est haut cadre au département recherche et développement du géant Coca-cola.
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De notre envoyé spécial
Comme tous les samedis, Sam Nyambi et son épouse Nicole encouragent, parfois avec frénésie, Malaika et Alexie, leurs deux filles inscrites au football. Les rencontres se déroulent dans un vaste complexe sportif sur le domaine d’une organisation protestante baptiste. Tous les autres parents, la plupart des blancs, sont là aussi, assis sur des chaises en toile de camping, le thermos de café dans la main. Sam trépigne car ses filles ne vont pas assez de l’avant, il peste aussi contre l’entraîneur, qui ne leur donne pas assez d’instructions. Leur équipe, Avalanche, a perdu, mais Malaika et Alexie repartent tout de même avec un trophée. « On leur donne toujours des trophées aux EtatsUnis, dit-il, c’est une bonne idée, c’est une manière de les motiver, ces trophées sont aussi la reconnaissance des efforts qu’elles ont fournis ».
Sam Nyambi a épousé les valeurs et le mode de vie des Américains
Bien sûr, Sam aime le Coca-cola. « J’achète les bouteilles de Coca-cola produites au Mexique, affirme-t-il, c’est le meilleur Coca-cola du monde, car il est produit avec du vrai sucre, et non avec du sirop de maïs comme ici ». Amateur de vin, il collectionne les Bordeaux cheval blanc et les Cabernet californiens dans son cellier. Sa belle villa, située dans un complexe typiquement suburbain dans l’Est du comté de Cobb, au nord-ouest d’Atlanta, compte six vastes chambres à coucher, un bar au sous-sol pour les fêtes. Dans le garage : trois véhicules, dont une voiture de sport blanche qu’il s’est offerte pour son anniversaire.
Le mérite et la récompense sont au cœur de la philosophie de Sam Nyambi. « Ma philosophie de la vie a été influencée par les trente années que j’ai passées ici, confie-t-il. Je pense américain. J’agis américain. On se sent libre aux Etats-Unis. Quels que soient ton milieu et tes origines, si tu fais preuve de beaucoup d’ardeur au travail, si tu restes concentré sur ton objectif, tu pourras réussir aux Etats-Unis. Mais attention, ce n’est pas un pays pour les fainéants. Au Cameroun, les problèmes socio-politiques font obstacle à la méritocratie ».
Au siège de Coca-cola d’Atlanta, la ville où a été inventée la boisson gazeuse mondiale, Sam étudie des techniques pour prolonger le goût et les caractéristiques des ingrédients actifs du Coca-cola. Selon lui, pour les ingénieurs en chimie, le département Recherche et développement du géant américain est un petit paradis. « Si la compagnie estime que tes idées sont pertinentes, elle te donnera l’argent et la liberté intellectuelle pour explorer, déclare Sam. C’est une latitude très appréciable, car quand tu es professionnel, tu recherches les conditions optimales. Et Coca-cola me donne l’environnement qui me permet de donner le meilleur de moi-même ».
Dans les pas du père de Barack Obama
C’est un professeur de chimie américain, membre du programme volontaire des Peace
Corps, fondés par John Fitzgerald Kennedy dans les années 1960, qui a convaincu Sam, alors lycéen, de quitter le Cameroun pour Howard, une prestigieuse université noire de Washington. Sam a donc emboîté le pas à Kwame Nkrumah et au père de Barack Obama. D’ailleurs, Sam aide l’équipe de campagne du président sortant en Georgie.
« De nombreux amis africains ont eu le même parcours que le père d’Obama, dit Sam. Il est venu du Kenya pour étudier aux Etats-Unis. Il y a rencontré son épouse et ils ont eu un enfant, Barack, qui a presque mon âge, donc nous sommes fiers qu’un Africain d’origine modeste ait pu se hisser à la présidence du meilleur pays du monde ».
Sam n’oublie pas pour autant le Cameroun et les Africains. « Les Africains font confiance aux gens immédiatement, et ensuite ils s’adaptent. C’est aussi mon approche. Les Américains, c’est l’inverse, ils sont très méfiants au début ». Sam séjourne régulièrement dans son Cameroun natal. Sa famille compte 1 200 membres, et il en est le chef. Il a décidé d’y investir aussi. Sam et son épouse inaugureront à la fin de l'année prochaine des résidences touristiques de luxe dans la province du Sud-ouest à Limbe. Ce projet l’a occupé durant plusieurs années. Il faut qu’il soit le meilleur.
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