Avec le procès des «vols de la mort», l'Argentine replonge dans les horreurs du passé
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Il s'agit de l'un des plus importants procès de la période noire de l'Argentine (1976-1983). Les audiences du procès des «vols de la mort», prisonniers jetés vivants et drogués d'avion dans les eaux boueuses du Rio de la Plata, se sont ouvertes ce mercredi 28 novembre 2012, à Buenos Aires. Sur le banc des accusés, d'anciens gradés de l'armée, des pilotes, qui devront rendre des comptes sur le sort de plus de 780 disparus sur les 30 000 de la dictature argentine.
Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Le juge Daniel Obligado ouvre solennellement le procès : «J’ouvre ce procès appelé Esma unifiée». Dans une ambiance tendue, il lit ensuite l’acte d’accusation. Dans le public, on sent percer l’émotion. Soixante-sept prévenus sont sur le banc des accusés. Il en manque un, excusé pour raisons médicales. Tous affichent des visages fermés.
Après le juge, le secrétaire du tribunal prend la parole. D’une voix monocorde, il présente les inculpés, dont Alfredo Astiz, déjà condamné à perpétuité pour la mort des religieuses françaises Alice Domon et Léonie Duquet. Suivent les noms des 789 victimes, dont, pour la première fois, des hommes et des femmes partis sans retour dans les «vols de la mort».
Ils ont été jetés à la mer, encore en vie, mais drogués et ligotés, à partir d’avions de l’Aéronavale.
Dehors, des militants des droits de l'homme se félicitent de l'ouverture du procès. Beaucoup de tortionnaires ont déjà été condamnés. «Nous avons déjà 338 tortionnaires en prison. Et ça, c’est le fruit de notre lutte», rappelle Alejandro.
«Mémoire ! justice ! et vérité !» scande la foule. Le devoir de mémoire est respecté. La justice passe. La vérité, elle, sera toujours incomplète si, cette fois-ci encore, les anciens militaires respectent le pacte du silence qui semble les lier jusqu’à la mort.
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