La blogueuse Yoani Sanchez quitte librement Cuba pour une tournée mondiale
Publié le : Modifié le :
La première étape de la tournée de Yoani Sanchez est le Brésil, dès ce lundi 18 février 2013. Ensuite, la blogueuse cubaine espère se rendre dans une dizaine de pays en Amérique du Sud et en Europe. Un voyage qu’elle avait dû repousser de nombreuses fois face aux refus des autorités cubaines de lui délivrer un permis de sortie obligatoire pour quitter l’île jusqu’au mois de janvier dernier.
Elle a quitté Cuba dimanche soir accompagnée jusqu’à l’embarquement à l’aéroport de La Havane par sa mère, son fils et son mari, le journaliste dissident Reinaldo Escobar. « Il aura fallu cinq ans de bagarre pour en finir avec cette absurdité », a déclaré Yoani Sanchez juste avant son départ. Un voyage très attendu donc, qui doit la conduire dans douze pays principalement en Amérique du Sud et en Europe.
« Cette tournée ouvre une nouvelle page de ma vie, explique la blogueuse animatrice de Generacion Y. En tant que journaliste, ce sera aussi une expérience magnifique ». Après sa visite de deux jours au Brésil, elle espère se rendre au Mexique, en Argentine, aux Etats-Unis, en République tchèque, en Italie, en Espagne, en Pologne et aux Pays-Bas.
Son arrivée ce lundi matin à Recife au nord-ouest du pays ne s’est pas faite sans bruit. A l’aéroport, des amis, des journalistes étaient présents. A leurs côtés, une vingtaine de militants pro-Cuba ont tenu une manifestation contre la blogueuse. Ils l'ont accusée d’être un agent de la CIA et de « trahir le mouvement » avant de réclamer son départ aux cris de « Dehors Yoani ! »
Cette opposition n’a pas découragée la militante, loin de là : « A la sortie de l’aéroport, j’ai vu une démonstration de démocratie et de pluralité, car il y avait un groupe de personnes qui m’ont souhaité la bienvenue et un autre groupe qui a manifesté contre ma présence. Cela m’a comblée de bonheur car j’ai pensé qu’un jour, on pourra faire pareil à Cuba. Je viens d’arriver au Brésil,et je suis partagé entre l'euphorie et la surprise. Maintenant, je peux rencontrer et embrasser des personnes avec qui j’avais seulement échangé par Internet. »
La voix d’une Generacion
Cette tournée, les autorités cubaines ne la voient pas vraiment d’un bon œil. Il faut dire que si elle est peu connue dans son pays compte tenu du contrôle effectué sur les médias, Yoani Sanchez dérange le régime communiste. Son blog Generacion Y n’est pas tendre avec le pouvoir Castriste. Elle est devenue célèbre pour ses critiques acerbes, son style ironique et direct. Au quotidien, elle pointe les absurdités et les problèmes sur l’île.
Yoani Sanchez a d’ailleurs remporté de nombreux prix internationaux soulignant son engagement. Le magazine américain Time l’a classée parmi les 100 personnes les plus influentes du monde. Fort de ce succès, les autorités de La Havane l’accusent d’avoir pris la tête d’une dissidence cybernétique. Un mouvement qui serait, selon Cuba, financé par Washington.
Assouplissement des modalités de sortie
Longtemps, les autorités n’ont donc pas délivré de laissez-passer à Yoani Sanchez. Sans ce « permis de sortie », impossible de quitter l’île. Elle n’avait pas pu se rendre aux cérémonies de remise des nombreux prix qu’elle a remportés. Mais une réforme de la loi migratoire a changé la donne.
Depuis la mi-janvier 2013, les Cubains n’ont plus besoin ni du permis de sortie ni de la lettre d’invitation pour voyager. La plupart d’entre eux peuvent demander un passeport aux autorités, suffisant pour quitter Cuba. Une vingtaine d’opposants, dont Yoani Sanchez, ont obtenu ces dernières semaines ce précieux sésame.
Retour au pays
Mais Yoani Sanchez insiste bien : ce voyage n’est pas une fuite. Certes, elle part, au moins trois mois, mais elle reviendra à Cuba n’en déplaise au pouvoir en place. Et pendant ce temps, elle sera active sur la Toile.
Pour en savoir plus:
Suivez la tournée de Yoani Sanchez sur son compte Twitter et sa page Facebook
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne