Guatemala

Guatemala: Rios Montt, premier ex-dictateur condamné dans son pays pour génocide

La satisfaction des proches des victimes du génocide après le verdict. Guatemala, le 10 mai 2013.
La satisfaction des proches des victimes du génocide après le verdict. Guatemala, le 10 mai 2013. REUTERS/Jorge Dan Lopez

Au Guatemala, le général Efrain Rios Montt a été condamné vendredi 10 mai par la justice à 80 ans de prison pour génocide et crimes de guerre. L’ancien dictateur était jugé depuis le 19 avril pour le massacre par l’armée de 1 771 Indiens de l’ethnie maya des ixiles dans le nord du pays, entre 1982 et 1983. Massacre mené pendant la politique de la terre brûlée, un régime de terreur appliqué aux communautés indiennes soupçonnées de soutenir les guérillas de gauche. Cette condamnation est une décision de justice inédite à plusieurs titres.

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C’est d’abord un soulagement pour les parties civiles et les proches des victimes. La justice reconnaît que les atrocités commises sur les indigènes sous la présidence d’Efrain Rios Montt étaient planifiées.

Une décision saluée par les associations de défense des droits de l'homme comme le début de la réconciliation dans un pays où 200 000 personnes sont mortes ou disparues au cours d'une guerre civile de trente-six ans.

Mais comme l'explique Marcia Aguiluz, directrice au Centre justice et droit international (CEJIL), la portée de cette décision s'étend au-delà des frontières nationales. « En définitif, c’est une décision historique pour le Guatemala, et aussi pour tout le continent. Car c’est la première fois qu’un ex-dictateur est jugé par un tribunal national pour génocide et crimes contre l’humanité. Aujourd’hui, au Guatemala, nous avons fait un premier pas vers la réconciliation et la paix. Et cette décision des tribunaux guatémaltèques prouve qu’il est possible de rendre justice, même trente ans après. »

C'est enfin et surtout une première mondiale. Jamais auparavant un chef d'Etat n'a été jugé ou condamné par un tribunal national pour génocide. Ce crime, défini et employé pour la première fois au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a toujours été jusqu'à présent du ressort de la justice internationale. Le jugement de la justice guatémaltèque pourrait donc faire date et servir d'exemple à d'autres pays.

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