Chili: réforme fiscale «historique»
Au Chili, la réforme des impôts entre en vigueur ce mercredi 1er octobre. Une réforme d’une grande ampleur. La présidente Michelle Bachelet parle de réforme historique...
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Avec notre correspondante à Santiago,
Il n’y avait pas de réforme des impôts depuis 1984 au Chili, autrement dit depuis la dictature d’Augusto Pinochet qui a plongé le pays dans un néolibéralisme sauvage. Depuis trente ans donc, l’impôt sur le revenu est pratiquement inexistant. Très bas pour les entreprises, quasiment nul pour la population. Moins de 20 % des Chiliens le payent. A tel point que les recettes des impôts viennent en fait principalement de la TVA à 19 %. Alors, la réforme de Bachelet s’attaque d’abord à un dogme : l’impôt est un vol de l’Etat. C’est ce que pensent généralement ici les gens.
La présidente socialiste Michelle Bachelet s’évertue à expliquer que c’est un outil de redistribution des revenus, qui va aider à diminuer les inégalités. Le Chili est un des pays où la différence entre riches et pauvres est la plus importante du monde. Avec la réforme qu’elle lance, les plus riches paieront plus d’impôts, il y aura moins d’évasion fiscale. Et les 6,5 milliards d’euros de recettes obtenus grâce à cette réforme permettront de financer la grande réforme de l’éducation qu’elle a promise.
Une petite révolution
C'est une petite révolution à en croire les discours de la présidente et de son gouvernement. Si on lit la réforme dans le détail, c'est non! C’est une réforme qui améliore un petit peu ce qui existe. Il y aura plus d’impôts perçus effectivement, mais elle conserve l’esprit néolibéral de la dictature d’Augusto Pinochet. Autrement dit, les entreprises vont payer un tout petit plus d’impôts, mais l’évasion fiscale continuera d’être un sport national. Ici, tous les gens qui en ont les moyens utilisent la loi pour éviter de payer des impôts et pour placer leur argent dans des paradis fiscaux. C’est un secret de polichinelle. Et la réforme ne les empêchera pas de continuer.
Des recettes au profit de la réforme de l’éducation?
Depuis 2011, les étudiants et les lycéens réclament une réforme de l’éducation. Ils exigent une éducation gratuite, publique, de qualité. La présidente socialiste Michelle Bachelet a promis de la mettre en place. Cet argent frais devrait donc la financer. Le seul hic, c’est que cette réforme de l’éducation est encore très floue. Elle n’a pas convaincu les étudiants et lycéens qui continuent de manifester dans les rues. Du coup, quand on demande aux gens à quoi sert la réforme des impôts, généralement, ils ne savent pas. Tout ce qu’ils ont retenu, c’est qu’aujourd’hui, les boissons alcoolisées, les sodas et les cigarettes seront un peu plus chers qu’hier.
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