Coronavirus: des réfugiés vénézuéliens quittent la Colombie pour revenir au pays

Des centaines de Vénézuéliens qui avaient émigré en Colombie en raison de l'effondrement économique de leur pays y sont revenus, samedi et dimanche, poussés par l'urgence sanitaire liés au coronavirus, selon les autorités migratoires colombiennes.

Sur le pont Simon-Bolivar, frontière entre le Venezuela et la Colombie (image d'illustration).
Sur le pont Simon-Bolivar, frontière entre le Venezuela et la Colombie (image d'illustration). REUTERS/Carlos Eduardo Ramirez
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Ce samedi 4 avril, pour la première fois depuis plus de 5 ans, des centaines de migrants vénézuéliens ont quitté la Colombie pour rentrer dans leur pays : 600 personnes sont parties par le pont international Simon-Bolivar à Cucuta (nord-est), et 160 autres ont pris la route du retour de Bogota le 5 avril, précise l'agence Migracion Colombia. Le groupe le plus important, composé de 167 femmes et 35 enfants, s'est rendu à Cucuta depuis la ville voisine de Bucaramanga avec l'aide des autorités.

Ils sont plus d’1,5 million en Colombie selon l’ONU. Un retour pour retrouver leur famille mais surtout pour fuir la précarité extrême induite par le confinement. Beaucoup de Vénézuéliens qui vivent de boulots informels n’ont plus les moyens de rester, rapporte notre correspondant à Caracas, Benjamin Delille.

« Ce qui se passe avec la majorité, ceux qui viennent de Colombie, c’est un problème de loyer, explique Luisa Pernalente du réseau Fe y Alegria. Comme ils ne peuvent plus sortir pour travailler, ils disent préférer rentrer car même si  la situation au Venezuela est catastrophique, ils n’auront pas à payer de loyer et ils seront avec leur famille. »

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Aspergés, désinfectés

Avant de traverser le pont Simon-Bolivar, les Vénézuéliens portant des masques ont été aspergés de désinfectant par la police colombienne, qui a également pris leur température pour détecter d'éventuels symptômes de la maladie. La Colombie a activé un corridor humanitaire pour que les Vénézuéliens puissent passer dans leur pays, face à la fermeture des frontières et au confinement général imposés par le gouvernement pour tenter de contenir la propagation du virus.

Dimanche, des agents de l'immigration vérifiaient que les étrangers qui ont quitté Bogota effectuent leur retour « volontairement », a déclaré à l'AFP une source au sein de Migracion Colombia.

Les autorités colombiennes disent avoir affrété des bus gratuits pour les faire gagner la frontière. Le gouvernement vénézuélien, de son côté, dit avoir pris toutes les mesures nécessaires pour accueillir ses ressortissants. Mais ceux-ci affirment sur les réseaux sociaux être abandonnés à leur sort dans le terminal de bus de San Antonio, la ville frontalière.

« On y dort tous les uns sur les autres, en pleine pandémie. Il n’y a pas d’eau, pas de nourriture, pas de transport, il n’y a rien et on ne nous laisse pas partir », assure l'un d'eux.

Et la situation ne devrait pas s’améliorer car les candidats au retour se multiplient. Avec le risque d’une propagation du virus puisque la Colombie compte officiellement dix fois plus de cas diagnostiqués que le Venezuela.

Besoin d'aide internationale

 

Quelque 4,9 millions de migrants vénézuéliens dans le monde ont besoin d'une aide internationale face à l'impact économique dévastateur de la pandémie, selon les Nations unies. En Colombie, plus de 1 400 cas et 35 décès dus au Covid-19 ont été recensés depuis le 6 mars.

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