Corée du Sud

Corée du Sud: un temple bouddhiste, dernier refuge des cheminots en grève

Le 22 décembre, la police sud-coréenne donne l'assaut contre des manifestants.
Le 22 décembre, la police sud-coréenne donne l'assaut contre des manifestants. REUTERS/Bae Jeong-hyun/Yonhap

Une procédure de licenciement a été engagée pour des milliers de grévistes et des mandats d’arrêts contre des dirigeants syndicaux dont certains ont trouvé refuge dans un temple bouddhiste. Le gouvernement sud-coréen a choisi d’employer la manière forte dans le bras de fer qui l’oppose aux cheminots de l’entreprise publique Korail. La grève, la plus longue de l’histoire des chemins de fer sud-coréens, a débuté il y a 19 jours. Ce 27 décembre au matin, l’entreprise lance un nouvel ultimatum aux grévistes. 

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Les cheminots protestent contre la décision de leur entreprise, Korail, de créer une entité indépendante qui sera en charge de l’exploitation d’une nouvelle ligne à grande vitesse. Le syndicat du rail considère que cette scission est le prélude à une future privatisation des lignes les plus rentables de l’entreprise publique.

De leur côté, le gouvernement et Korail assurent que la nouvelle entité restera publique et que sa création permettra « d’accroître la compétitivité » des chemins de fer. Selon eux, cette grève est illégale, car elle n’est pas liée à des revendications sur les conditions de travail des cheminots.

Manière forte

Les dirigeants de Korail ont mis à pied plus de 8 500 grévistes qui font l’objet d’une procédure de licenciement. Des centaines d’intérimaires ont été embauchés en urgence pour remplacer le personnel en grève.

Une décision très critiquée : la semaine dernière, une passagère de 84 ans est décédée dans le métro parce que l’un de ces conducteurs remplaçants, un étudiant âgé de 19 ans, avait refermé trop tôt les portes de la rame.

Les bouddhistes comme issue de secours ?

Le gouvernement a même émis des mandats d’arrêt contre 25 dirigeants syndicaux, qui sont désormais recherchés par la police. Dimanche, 4 000 policiers ont pris d’assaut le siège du syndicat pour tenter de les arrêter, sans succès.

Mardi, quatre de ces dirigeants ont trouvé refuge dans un grand temple bouddhiste situé en plein centre de Séoul. En Corée du Sud, temples et églises catholiques sont en effet régulièrement utilisés comme des refuges par les syndicalistes et les manifestants, car les autorités n’osent pas y entrer de force.

De façon assez surprenante, ce sont les moines de ce temple qui ont joué le rôle de médiateurs entre le syndicat et la direction, laquelle a accepté jeudi soir d’entamer des négociations. Celles-ci ont duré toute la nuit, sans aboutir. Vendredi matin, Korail a lancé un ultimatum à ses grévistes : s’ils ne retournent pas travailler avant minuit, des « mesures punitives » seront prises.

Grève générale ce samedi

Il faut noter que l’opinion publique reste pour le moment relativement indifférente face à ces attaques répétées contre le droit de grève. Sans doute parce que la couverture médiatique du mouvement est essentiellement favorable aux positions du gouvernement.

Les cheminots bénéficient cependant du soutien d’étudiants progressistes qui ont accrochés à travers tout le pays de grandes affiches écrites à la main. Les autres syndicats ont aussi annoncé, en solidarité, une grève générale pour samedi.

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