Catastrophe aérienne

Vol Malaysia Airlines: une enquête pour terrorisme est ouverte

Malgré l'ampleur des secours déployés, le vol Kuala Lumpur-Pékin disparu vendredi soir avec 239 personnes à bord reste introuvable. L'aviation vietnamienne a repéré ce dimanche au large de ses côtes de possibles débris du Boeing 777 de Malaysia Airlines, alors que la Malaisie a ouvert une enquête pour terrorisme.

Des prières collectives ont lieu un peu partout en Malaisie pour les passagers du vol de Malaysian Airlines disparu dans la nuit de vendredi à samedi et dont on n'a toujours aucune trace.
Des prières collectives ont lieu un peu partout en Malaisie pour les passagers du vol de Malaysian Airlines disparu dans la nuit de vendredi à samedi et dont on n'a toujours aucune trace. REUTERS/Edgar Su
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Avec notre envoyée spéciale à Kuala Lumpur Carrie Nooten, notre correspondante à Shanghai, Delphine Sureau et notre correspondant à Bankgok, Arnaud Dubus

C'est dans cette même zone de la mer de Chine où l'aviation vietnamienne aurait trouvé d'éventuels débris de l'avion que deux traînées de carburant de plusieurs kilomètres avaient été repérées samedi. La trace du vol MH370 de Malaysia Airlines a été perdue depuis plus de 30 heures.

Les navires de recherche arrivant dans le golfe de Thaïlande au large du Vietnam se dirigent vers des traces qui auraient été repérées par l’armée de l’air vietnamienne et qui pourraient être des traces de kérosène. Craignant le pire, la compagnie vient d’annoncer qu’elle allait se faire assister par un spécialiste en gestion des catastrophes venu des États-Unis. Elle prévoit également d’établir un centre de commande à Kota Bharu, en Malaisie, ou à Hô-Chi-Minh, au Vietnam, dès que les premiers débris de l’appareil seront retrouvés. Malaysia Airlines a envoyé une équipe en renfort pour prendre en charge les familles à Pékin, la grande majorité des passagers sur le vol étant des Chinois.

Conférence de presse de Malaysia Airlines à Pékin

Sur les 239 personnes à bord, il y avait 153 passagers chinois. Leurs familles sont toujours réunies dans un hôtel de Pékin, où elles attendent désespérément des informations supplémentaires. Malaysia Airlines y a d’ailleurs tenu ce matin une conférence de presse où s’est rendue notre correspondante.

Malaysia Airlines a annoncé que les familles chinoises qui le souhaitaient pourront être transportées à Kuala Lumpur demain lundi, pour être au plus près des recherches. Leurs démarches pour obtenir un passeport et un visa seront facilitées. Depuis hier, les proches des passagers sont pris en charge par des psychologues, souvent dans un état de désarroi et de fatigue extrêmes. Beaucoup se plaignent du manque d’informations délivrées par Malaysia Airlines. Certains disent en apprendre plus sur Internet ou en regardant la télé. La compagnie leur a pourtant assuré qu’elle était totalement transparente quant aux informations en sa possession. La disparition de l’avion est le sujet le plus commenté sur les réseaux sociaux chinois. L’émotion des internautes est palpable dans tous les messages. Après l’attaque à la gare de Kunming, dans le sud du pays le week-end dernier, cette disparition de 153 passagers chinois est un nouveau coup de massue pour le pays. D'autant plus si l'hypothèse terroriste se confirme...

L'hypothèse terroriste

Au PC de crise de l’aéroport de Kuala Lumpur, l’hypothèse terroriste qui occupe maintenant tous les esprits, et une enquête pour terrorisme a été ouverte. « Nos services de renseignement ont été mobilisés et les agences de contre-terrorisme (…) de tous les pays concernés ont été informées », a annoncé ce dimanche matin le ministre des Transports, Hishammuddin Hussein. Les enquêteurs malaisiens vérifient la liste des passagers et notamment l'identité de quatre d'entre eux. Deux passeports ont été annoncés comme volés et enregistrés sur le vol.

L'affaire des passeports volés en Thaïlande

Deux des passagers qui étaient à bord du vol MH370 utilisaient des passeports volés en Thaïlande à un touriste italien et à un touriste autrichien. Selon l’AFP, ces deux passagers ont acheté ensemble leur billet jeudi dernier dans une agence de voyages de la station balnéaire de Pattaya, à l’est de Bangkok.

Selon la police thaïlandaise, les passeports semblent avoir été volés par le même réseau de trafiquants, lequel opère sur l’île de Phuket, la grande île touristique du sud de la Thaïlande. La police thaïlandaise a lancé ce dimanche une opération pour tenter de mettre fin aux activités de ce réseau.

Autre élément troublant, ces deux passagers suspects n’avaient pas de visa pour la Chine, la destination du vol de Malaysia Airlines, mais ils devaient poursuivre leur voyage ensemble vers Amsterdam.

Le fait que deux personnes utilisant des passeports volés voyagent ensemble sur le même vol est très rare disent les experts dans le domaine de la sécurité aérienne. Ils soulignent que cela intervient dans deux cas de figure : l’immigration clandestine et le terrorisme. Cette dernière piste est désormais étudiée par les autorités malaisiennes. Elles soulignent qu’il ne faut pas pour autant en tirer des conclusions prématurées. 

Le fait que le pilote n’ait pas envoyé de message de détresse et que l’avion était à son altitude de croisière est inhabituel dans le cadre d’un accident. Cela suggère qu’un événement soudain est intervenu, le gouvernement malaisien a d’ailleurs indiqué que l’avion avait opéré un demi-tour brutal. Le FBI américain va envoyer des agents en Malaisie pour participer à l’enquête, notamment parce que trois des passagers sont des Américains.

Un avion et une compagnie fiables

Gérard Fedzer est un ancien pilote de ligne :

« C’est un avion extrêmement fiable. C’est l’avion le plus vendu au monde concernant les longs courriers. Il a accumulé des dizaines de milliers, voire des millions d’heures d’expérience sur toutes les compagnies du monde. Malaysia est une très bonne compagnie. Il va falloir maintenant enquêter comme des fourmis sur la formation des pilotes. On sait qu’ils avaient une grande expérience, donc a priori, ça ne devrait pas être ça.

Si un passager fou avait pris les commandes, il y aurait eu le temps de lancer un message, à moins qu’il y ait eu vraiment une menace réelle. Le champ est vraiment trop large aujourd’hui pour émettre une supposition plutôt qu’une autre. Il faut maintenant attendre l’enregistrement des boîtes noires et faire une enquête sur l’avion lui-même, sur sa maintenance et sur la formation des pilotes. »

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