Thaïlande

Thaïlande: jugé archaïque, le système scolaire est critiqué par le gouvernement

Un lycéen révise, à Bangkok, le 18 juin 2015.
Un lycéen révise, à Bangkok, le 18 juin 2015. NICOLAS ASFOURI / AFP

En Thaïlande, la rentrée des classes et des universités, comme chaque année, est l’occasion de multiples débats sur la qualité du système éducatif thaïlandais. Un système vivement critiqué pour son traditionalisme, non seulement par les observateurs extérieurs, mais aussi par le ministre de l’Éducation lui-même. Surtout au sein d’un gouvernement qui veut mettre l’accent sur l’innovation.

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De notre correspondant à Bangkok,

Les problèmes du système éducatif thaïlandais sont multiples. Le principal d’entre eux étant que les méthodes utilisées dans les écoles par les enseignants sont basées sur un enseignement magistral, avec pour principe l’apprentissage par cœur. Les élèves doivent écouter et ne sont pas censés donner leur avis, sauf s’ils sont directement sollicités par l’enseignant.

Très peu de place est laissée à l’initiative et au développement de l’esprit critique, qu’un élève remette en question les propos d’un enseignant en classe est tout simplement impensable : la soumission des élèves est requise. Les examens d’entrée à l’université suivent cette logique et sont basés sur des questionnaires à choix multiples, lesquels ne font appel qu’à la mémorisation mécanique des enseignements.

Le corps professoral, constitué de 300 000 enseignants, est particulièrement conservateur et résistant aux réformes. De nombreux ministres de l’Éducation qui ont voulu réformer le système se sont cassé les dents sur cette bureaucratie fossilisée.

Un corps professoral très peu qualifié

La qualification des enseignants est également un problème. Une enquête du ministère de l’Éducation a montré, par exemple, que sur les 40 000 enseignants d’anglais, seuls six d’entre eux parlaient la langue de Shakespeare couramment. Et quand les enseignants ont dû passer des tests en mathématiques et en sciences, la grosse majorité des enseignants a échoué : les conséquences sur le niveau des élèves sont considérables.

Ainsi, un tiers des étudiants sont ce qu’on appelle « fonctionnellement illettrés », c’est-à-dire qu’ils connaissent l’alphabet, mais sont incapables d’identifier les informations ou le message dans un texte.

Un archaïsme qui freine le développement des nouvelles technologies

Un ensemble qui a des conséquences économiques graves. Le gouvernement militaire actuel veut que le pays devienne un carrefour régional pour l’économie digitale et les nouvelles technologies. Mais le manque d’accent sur l’innovation et la créativité dans les écoles et les universités fait qu’il n’y ait pas de personnel thaïlandais qualifié pour ces industries de pointe.

Dans les classements internationaux des écoles et des universités, la Thaïlande est à la traîne, se retrouvant parfois derrière le Vietnam, pourtant bien moins développé économiquement. Le problème est en partie culturel : la Thaïlande valorise la soumission à la hiérarchie et pénalise la remise en question des traditions. C’est une culture de la reproduction et non pas une culture du questionnement.

Creusement des inégalités entre Thaïlandais

Pour le contrer, les parents qui ont certains moyens financiers retirent leurs enfants des écoles thaïlandaises et les inscrivent dans des écoles internationales. Mais les familles sans moyens doivent laisser leurs enfants dans les écoles publiques. Une situation qui accentue fortement les écarts sociaux dans un pays déjà considéré comme l’un des plus inégalitaires de la planète.

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