Taïwan: le candidat favori de Pékin échoue à présider l’opposition
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Le parti nationaliste chinois du Kuomintang, premier parti d’opposition à Taïwan, organisait ce samedi l’élection de son secrétaire général. Une vieille figure du parti l’a finalement emporté face à un candidat favorable à l’« unification » avec la Chine.
Avec notre correspondant à Taipei, Adrien Simorre
La surprise n’aura finalement pas eu lieu. Éric Chu, vieille figure du parti, a finalement été élu à la tête du Kuomintang avec plus de 45% des voix. Son rival, Chang Ya-chung, avait créé la surprise dans les sondages quelques semaines avant le scrutin. Favorable à l'unification avec la Chine communiste, il était de loin le « candidat favori de Pékin », selon Michael Cole, analyste canadien basé à Taipei. Il arrive finalement second avec 32% des votes.
« J’ai voté pour faire obstruction à Chang Ya-Jun, je ne voulais pas qu’il soit élu, avoue, soulagé, M. Tian, un trentenaire, membre du parti. Ces élections ont fait beaucoup de mal au parti, maintenant il va falloir travailler à nous unifier. »
Le parti nationaliste chinois est le premier parti d’opposition de Taïwan. Favorable à un rapprochement avec Pékin, il reste officiellement opposé à une annexion chinoise sans conditions. D’où la surprise créée par la fulgurante montée en puissance d'un candidat connu pour sa connivence avec le régime communiste, et ouvertement en faveur de l’unification avec la Chine communiste.
« Il y a maintenant une fracture au sein du parti nationaliste chinois, entre d’un côté ceux qui veulent s’éloigner de la Chine, et de l’autre, ceux qui pensent qu’il faut doubler la mise et se rapprocher encore plus de Pékin, analyse Brian Hioe, journaliste et militant taïwanais. Mais le fait que le troisième candidat, le plus jeune et le plus modéré [Johnny Chiang, ndlr] a perdu, montre aussi que ce parti est de plus en plus pro-chinois. Dans ce contexte, il n’a selon moi pas de futur politique à Taïwan, car il n'arrive pas à attirer les jeunes. »
Les jeunes Taïwanais lui préfèrent en effet largement le parti démocrate progressiste au pouvoir depuis 2016 et fermement opposé aux revendications de Pékin.
Les évènements à Hong Kong comme les menaces répétées d'invasion de la Chine communiste renforcent cette tendance. Aujourd’hui, près de 90% des Taïwanais sont opposés à l'annexion chinoise.
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