En Afghanistan, les réseaux sociaux utilisés avec prudence
Publié le : Modifié le :
Cela fait bientôt trois mois que les talibans ont instauré leur Émirat islamique en Afghanistan. La vie quotidienne des Afghans a changé. La société civile tente de survivre, avec difficulté. Sur les réseaux sociaux, elle fait montre de prudence tout en s’appuyant sur ce dernier espace de liberté. Non sans dangers.
De notre correspondante à Kaboul,
De nombreux militants de la société civile, des féministes, des défenseurs des droits de l’homme, ont, juste avant la chute du précédent gouvernement, retiré toutes les photos, les vidéos, les informations privées de leur compte Facebook, Twitter, ainsi que sur les différents réseaux sociaux utilisés.
Certains ont même décidé d'arrêter d’utiliser WhatsApp et avaient commencé à ne plus communiquer que sur la plate-forme Signal. C’est ce que raconte une journaliste d’Hérat, la ville de l’ouest de l’Afghanistan. Cette jeune femme a fui il y a quelques jours le pays. Elle explique qu’elle-même ainsi que ses amies journalistes, militantes féministes, ont effacé leur compte Facebook à l’arrivée des talibans. Elles craignaient d’être repérées, dénoncées, traquées.
Des rassemblements présents sur les réseaux sociaux
Les manifestantes publient après coup des informations sur les rassemblements auxquels elles ont participé. Mais la plupart le font de façon anonyme. Des groupes Facebook créés par des militants de la société civile existent toujours par ailleurs. Ils partagent leurs opinions sur les questions de société, sur l’évolution de la société, sur le changement du régime politique, mais avec beaucoup de précaution.
La liberté de parole, qui existait auparavant lors du précédent gouvernement, n’est plus de rigueur. Elle a disparu. Il y a désormais une crainte grandissante et paralysante de critiquer les nouvelles autorités. Les manifestations de femmes ont été presque toujours réprimées avec violence. Les journalistes qui les couvrent sont pris à partie par les talibans, battus, arrêtés. Donc, la prudence est de mise.
► À lire aussi : Shoukria Haïdar: « La majorité des Afghanes reçoivent des coups mais elles défendent leurs droits »
Plusieurs militantes féministes ont, par exemple, créé des groupes de parole sur WhatsApp. Elles y échangent des informations sur les lieux, les dates de leurs rassemblements, sur les exactions commises contre des militants de la société civile dans le pays. Mais ces groupes sont très privés.
Un nouvel espace de rencontres
Difficile de dire si les réseaux sociaux sont plus utilisés qu’auparavant. En revanche, il y a des applications qui ne sont plus utilisées de la même façon. Snapchat, par exemple. Cette application de partage de photos et de vidéos est utilisée de plus en plus comme une application de rencontre.
Un habitant de Kaboul raconte avoir été contacté plusieurs fois par des jeunes femmes via Snapchat. Il avait publié des vidéos de vie quotidienne, des photos de paysages. Deux jeunes femmes sont entrées en contact avec lui, lui proposant de discuter par téléphone, l’une habitant dans le nord du pays, l’autre à Kaboul. Il a d’ailleurs fini par rencontrer l'une d'elle. « Les femmes s’ennuient, elles sont coincées chez elles et n’ont plus la même vie qu’avant », confie-t-il. Elles cherchent des fenêtres sur le monde.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne