Reportage

Inde: menacés par le climat et l'urbanisation, les pêcheurs de Bombay se révoltent

Au cœur de Bombay en Inde, subsistent des villages de pêcheurs traditionnels qui existaient avant l’arrivée des Britanniques. Mais ils sont aujourd’hui menacés par le dérèglement climatique et la croissance effrénée de la capitale économique Indienne. Leurs habitants craignent pour leur survie. Reportage.

Les habitants de la communauté de Koli protestent depuis plusieurs jours contre la construction de la route côtière à Worli, à Bombay. Ici, le 7 novembre 2021.
Les habitants de la communauté de Koli protestent depuis plusieurs jours contre la construction de la route côtière à Worli, à Bombay. Ici, le 7 novembre 2021. Hindustan Times via Getty Images - Hindustan Times
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Avec notre correspondant à Bombay,  Côme Bastin

Les ruelles colorées du village de Worli sont remplies de manifestants. Ils se battent contre un projet d’autoroute construite sur la mer et leur zone de pêche.

Leader de la révolte, Camillo Quiny nous emmène sur un zodiac. « Il faut passer à distance des piliers de la route. Lorsque le vent souffle, le bateau est bringuebalé par les vagues, c’est très dangereux. Et regardez, indique-t-il, ils rajoutent de nouveaux piliers dans l’eau. »

Projet pharaonique

L'autoroute en construction ressemble à un porte-avions posé sur les flots. Un projet pharaonique, que les écologistes critiquent pour sa vulnérabilité aux phénomènes climatiques.

« Nous ne pensions jamais que l’eau puisse passer au-dessus de la jetée qui protège notre village, affirme Nitesh Patel, debout dans son bateau. Mais depuis dix ans, les cyclones se multiplient, le niveau monte. Même cette autoroute s’est déjà retrouvée engloutie. »

En plus du développement de Bombay, les pêcheurs sont aujourd’hui menacés par le changement climatique.

« Du surimi en usine »

« Avec le réchauffement des eaux, les poissons que l’on attrape se vendent mal. Alors on les refourgue aux industriels qui en font du surimi en usine, a un prix toujours plus bas », explique Raghans Tapke, un pêcheur âgé de 56 ans, et secrétaire de l’association des pêcheurs.

Ces communautés installées depuis des siècles font partie de l'âme de Bombay. Mais contrairement aux agriculteurs en cas de sécheresse, les pêcheurs ne disposent d'aucun soutien.

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