Japon: le nouveau Premier ministre dévoile son plan de relance de l'économie
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Le Japon dévoile un nouveau plan de soutien à son économie, la troisième du monde, d'un montant record représentant l'équivalent de 430 milliards d'euros, payé par de la dette. Le plan prévoit surtout des aides directes pour les ménages et les petites entreprises afin de compenser l'impact de la pandémie. Les analystes à Tokyo doutent que ce plan puisse apporter un soutien durable à l'économie, compte tenu de la faible part consacrée à la stratégie de croissance.
Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
Au cœur de ce plan de relance figure le versement d'une prime individuelle de 100 000 yens ( 770 euros) à tous les Japonais âgés de moins de 18 ans. À l'exception de ceux dont les revenus des familles sont supérieurs a environ 80 000 euros par an.
Cette mesure destinée à accroître la consommation est critiquée par une majorité de Japonais. Le parti conservateur au pouvoir veut gâter ses électeurs, disent-ils, avant de nouvelles échéances électorales l'an prochain.
En 2020, le versement d'un premier chèque aux familles n'avait eu aucun effet sur la consommation. Les Japonais avaient préféré placer ce geste de l'État sur leur livret d'épargne.
Le gouvernement du nouveau Premier ministre Fumio Kishida veut augmenter les salaires du personnel soignant et des crèches, mal payé. Il veut encore inciter les Japonais à voyager dans l'archipel en rétablissant les subventions au tourisme.
Pourquoi ce plan de relance, maintenant, s'interrogent des analystes à Tokyo. L'épidémie, en ce moment, est sous contrôle : 76% de la population est entièrement vaccinée. Le pays devrait renouer avec la croissance ces prochains mois. Pourquoi, alors, s'endetter davantage lorsque la dette publique atteint 260% du PIB cette année.
♦ Reportage : un plan qui suscite beaucoup de critiques
Avec notre correspondant à Tokyo, Bruno Duval
Cent mille yens octroyés à chaque jeune de moins de 18 ans, la mesure-phare du plan de relance ne convainc pas tout le monde.
« 100 000 yens, cela tombe bien ! J'ai du mal à joindre les deux bouts depuis le début de la crise. Après, ce que nous, parents défavorisés, réclamons à l'État, ce n'est pas un coup de pouce ponctuel, mais son soutien dans la durée », confie une habitante de Tokyo.
« Comme j'ai 19 ans, mes parents ne bénéficieront pas de cette aide. Je trouve cela très injuste », explique quant à elle une jeune femme. Un homme enfonce le clou : « Les parents aisés toucheront eux aussi ces 100 000 yens, mais les Japonais qui sont dans le besoin et qui n'ont pas d'enfants, eux, ne recevront rien. La logique sociale d'une telle politique m'échappe un peu. »
Et puis, « la » question que se posent les Japonais, c'est « qui va payer ? ». « Ce plan n'étant pas financé, les contribuables vont le sentir passer, prédit une passante. Qu'on augmente mes impôts pour venir en aide aux enfants pauvres, d'accord. Mais payer pour des familles qui ont les moyens, mmm, ça, j'apprécie moins. »
« Le Japon ne peut plus se permettre de faire tourner la planche à billets et de jeter l'argent par les fenêtres. Ce gouvernement va endetter encore plus les générations suivantes. Il me paraît donc irresponsable », conclut ce Japonais.
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