Washington boycotte officiellement les Jeux olympiques d'hiver de Pékin
Les États-Unis n'enverront pas de représentants officiels aux Jeux olympiques d'hiver de Pékin. Une manière selon la Maison Blanche de dénoncer l'oppression de la communauté des Ouïghours, en Chine. En retour, les autorités chinoises promettent des représailles : les États-Unis « paieront le prix » de leur décision, annonce Pékin. Paris annonce de son côté consulter ses partenaires européens.
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« Aucun officiel ni aucun diplomate américain ne sera présent en février à Pékin », a déclaré lundi la porte-parole de la Maison Blanche. Pour l’administration américaine, il n’est tout simplement pas pensable de faire « comme si de rien n'était » alors que « les droits humains sont régulièrement bafoués » en Chine, notamment au Xinjiang. Dans ce cas précis, Jen Psaki emploie même le mot de « génocide » contre les Ouïghours.
Des organisations non gouvernementales affirment que plus d’un million de membres de cette minorité musulmane sont actuellement internés dans des camps. Avant l'officialisation de cette décision, le ministère chinois des Affaires étrangères avait menacé de prendre des « contre-mesures fermes » si les responsables américains continuaient d'appeler au boycott diplomatique des Jeux olympiques, le qualifiant de « fanfaronnade ».
L’idée était dans l’air depuis plusieurs semaines et le sommet vidéo entre Joe Biden et Xi Jinping n’a pas suffi à faire baisser la tension entre les deux pays. Les athlètes américains participeront néanmoins à l'événement qui se tiendra du 4 au 20 février. Et il y aura tout de même du personnel diplomatique américain sur place pour assurer la sécurité de la délégation.
#COMMENT
— Global Times (@globaltimesnews) December 6, 2021
To be honest, Chinese are relieved to hear the news, because the fewer US officials come, the fewer viruses will be brought in.😌 https://t.co/a780Xr3oUV
Quelles contre-mesures chinoises ?
La Chine va-t-elle boycotter les jeux olympiques de Los Angeles en 2028 ? Le porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Linjian, n’a pas donné de détails sur les « contre-mesures résolues » qu’il annonce, rapporte notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde. Mais la menace n’a pas échappé aux organisateurs des futurs événements sportifs.
Et on pense évidemment à Paris 2024... À Pékin, la France a accrédité son ministre des Sports, même si pour l’instant rien n’est encore décidé quant à sa venue ou non en tribune pour l’ouverture des JO, le 4 février prochain. Même prudence, hésitation et discrétion chez la plupart des Européens. Pour l’instant, seul Vladimir Poutine et le prince Albert de Monaco semblent avoir réservé leurs billets.
Ce boycott diplomatique ne concerne pas les sportifs, et depuis déjà quelques semaines la propagande avait préparé sa réponse. Les invitations des dignitaires étrangers se faisant via les comités olympiques locaux, Pékin avait laissé entendre que ceux qui boycotteraient les jeux, de toute façon n’étaient pas invitées. Humour également de certaines plumes nationalistes pour tenter d’effacer ce nouveau coup dur porté au soft power chinois, après l’affaire de la disparition de la joueuse de tennis chinoise Peng Shuai. « Pour être honnête, les Chinois sont soulagés d’apprendre la nouvelle [de ce boycott ndlr], car moins il y aura d’officiels américains, moins il y aura de virus » ironise le Global Times – filiale du Quotidien du Peuple.
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Soulagement du côté du CIO
Le Comité international olympique se réjouit que cette décision se limite au camp politique et que les sportifs américains puissent défendre leurs chances, rapporte notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin. Le Comité olympique américain s’était lui opposé à un retrait total des États-Unis en expliquant que les boycotts des jeux de Moscou en 1980 et de Los Angeles en 1984, dans un contexte de guerre froide, avait montré que l’utilisation politique de ces événements était une erreur.
La semaine dernière, un think thank américain publiait des preuves de l’implication du président chinois lui-même dans ce que de nombreux pays occidentaux considèrent comme un génocide. La détention de plus d'un million de Ouïghours dans des camps de rééducation, le contrôle des naissances via des stérilisations massives, les transferts forcés d'ouvriers ouïghours vers des usines et la criminalisation des pratiques religieuses... Toutes ses actions ont été commanditées et planifiées au sommet de l'État selon le chercheur qui a révélé ces documents classés top secret par le gouvernement chinois.
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