REPORTAGE

En Afghanistan, l'heure est à la survie

En Afghanistan, l’urgence, c’est la crise économique et alimentaire qui frappe le pays. Dans les différentes provinces, la question n’est plus de savoir s’il est acceptable ou non de vivre sous un gouvernement taliban. La priorité absolue, c’est de se nourrir et de trouver la moindre ressource pour survivre.

En Afghanistan, plus aucun prêt n’est accordé par les banques pour payer les loyers, pour acheter des biens de première nécessité. Par conséquent, la consommation s’écroule, de manière vertigineuse dans le pays. (Image d'illustration)
En Afghanistan, plus aucun prêt n’est accordé par les banques pour payer les loyers, pour acheter des biens de première nécessité. Par conséquent, la consommation s’écroule, de manière vertigineuse dans le pays. (Image d'illustration) © AP/Felipe Dana
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Avec nos envoyés spéciaux, Vincent Souriau et Boris Vichith 

L'Afghanistan était soutenu à bout de bras par la communauté internationale, et n'a actuellement plus rien : il n'y a plus d'argent dans les caisses de l'État et les administrations sont fermées.

En dehors des ministères régaliens (l'Intérieur, la Défense et les Affaires étrangères), la quasi-totalité des fonctionnaires afghans a été licenciée du jour au lendemain ou continue de travailler par devoir, mais ne touche plus de salaire.

Il n'y a plus aucun prêt accordé par les banques pour payer les loyers ou encore pour acheter des biens de première nécessité. Par conséquent, la consommation s'écroule de manière vertigineuse : la chute du chiffre d'affaires chez les petits commerçants, sur les marchés par exemple, c'est -70%, parfois -90% de leurs revenus.

Et tout cela alors que les prix augmentent tous les jours, y compris ceux des produits de base comme l'huile, la farine ou le blé.

Les fonds pour l'Afghanistan gelés

Le discours des talibans depuis plusieurs mois, c'est qu'ils n'y sont pour rien et que la communauté internationale n'a qu'à libérer les fonds bloqués en dehors de l'Afghanistan. Car il y a près de 10 milliards de dollars gelés aux États-Unis et ces 10 milliards, ce sont les actifs de la Banque centrale afghane que Washington refuse de libérer pour, comme le disent les Américains, ne pas soutenir le terrorisme.

Il y a un vrai malaise chez les diplomates occidentaux sur ce thème. Ce que certains d'entre eux disent, c'est que oui, les talibans sont au pouvoir, mais que ce sont les Afghans qu'on est en train d'abandonner.

La méfiance du côté des Occidentaux

De l'autre côté, il n'y a aucune raison de faire confiance au nouveau régime, les talibans se présentent comme des modérés, mais ils avaient promis de ne pas s'en prendre aux anciens soldats de l'armée afghane et ils ont menti.

Les talibans prétendent que les jeunes filles pourront entrer à l'école quand la sécurité sera revenue, et c'est le cas, même si le groupe État islamique est toujours actif dans certains endroits du pays, mais il est possible de se déplacer librement. Donc l'argument de la sécurité est un faux argument.

En réalité, le nouveau régime esquive ou temporise sur tous les dossiers poussés par les Occidentaux. En Europe et aux États-Unis, on est donc extrêmement prudent, méfiant, et cela se comprend vu le passif des talibans entre 1996 et 2001. Donc, l'impasse persiste, et au milieu, il y a les Afghans qui n'ont toujours pas repris le contrôle de leur vie.

À écouter : En Afghanistan, à quoi ressemble Kaboul sous les talibans ?

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