Hong Kong: le vote sans enjeu au Conseil législatif n'a pas déplacé les foules
Hong Kong a voté ce dimanche 19 décembre pour élire les membres de son parlement, le Conseil législatif, le « LegCo ». Les bureaux de vote on fermé à 22h30 heure locale (14h30 TU). Ce sont les premières élections à se tenir selon des nouvelles procédures imposées par Pékin, en mars. Pour éviter que l’opposition pro-démocratie ne gagne la majorité, seuls des candidats « patriotes » ont eu le droit de se présenter. La participation s'est élevée de 30%, un taux historiquement bas.
Publié le : Modifié le :
Avec notre correspondante à Hong Kong, Florence de Changy
Il y a eu une énorme campagne de promotion pour inciter les gens à voter à Hong Kong. Le gouvernement a annoncé que tous les transports seraient gratuits ce 19 décembre pour encourager les gens à sortir de chez eux. Une initiative qui n'a pas forcément eu l'effet escompté.
Seuls 30% des inscrits se sont rendus aux urnes. Soit le taux d'abstention le plus élevé depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997Lors du scrutin précédent en 2016, la participation avait atteint 52,6% : les candidatures d'opposition étaient alors autorisées et le parlement désigné pour moitié directement par les électeurs.
Métro bondé
Et pourtant, il y avait foule dans le métro ce dimanche, sur la ligne bleue qui parcourt l’île d’Est en Ouest. On pouvait se croire en semaine aux heures de pointe. Mais les Hongkongais ont voulu profiter de l'aubaine pour faire des trajets les plus longs possibles, car à Hong Kong, on paye en fonction de la distance. Pour les gens les plus modestes, aller à l’autre bout du territoire même en bus ou en métro est un luxe qu’ils ne s’offrent pas.
En fin de matinée, plusieurs parcs nationaux où l’on va admirer les « feuilles rouges » de l’automne étaient encombrés comme une place de marché.
Beaucoup de Hongkongais ne sont pas allés voter comme ces trois jeunes, qui vont au restaurant. « Nous n’avons pas l’intention de voter », lance l'un d'entre eux. « Nous utilisons juste le métro pour s’amuser, juste pour le plaisir », continue un autre.
Un scrutin boudé ?
En fait, étant donné que l’opposition pro-démocratie traditionnelle n’existe plus, les Hongkongais risquent fort de bouder ce scrutin. « Les sondages montrent qu’une majorité de la population, 58%, considère ces élections comme injustes, indique John Burns, professeur de sciences sociales à l’université de Hong Kong. Pourquoi injustes ? Parce que tous les principaux candidats d’opposition sont en prison, ils sont poursuivis, ils ont fui, ils ont été réduits au silence… »
Chacun des 153 candidats a dû, pour être autorisé à briguer un siège, donner des gages de loyauté politique à l'égard de la Chine et de « patriotisme ». De ce fait, les militants pro-démocratie ont été empêchés de se présenter ou y ont renoncé, lorsqu'ils ne sont pas en prison ou en fuite à l'étranger, et la plupart des candidats affichent un profil semblable.
Sur les 90 sièges du Conseil législatif, seuls 20 sont à pourvoir au suffrage universel, moitié moins qu'auparavant, le reste étant désigné par divers comités et groupes d'intérêt acquis au régime chinois.
Interdiction d'appel au boycott
Une loi a même été entérinée pour interdire à quiconque de suggérer l’abstention ou le vote blanc. Le délit est passible de trois ans de prison pour lequel dix personnes ont déjà été arrêtés à Hong Kong. Sept mandats d’arrêts internationaux ont également été lancés contre des militants en exil qui ont également appelé au boycott.
► À lire aussi : Élections à Hong Kong: comment Pékin a détruit le système politique local
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne