Birmanie: massacre dans un village chrétien après des affrontements violents avec la junte

En Birmanie, un massacre dans un village de l’État Kayah, à la frontière thaïlandaise, a fait plus de trente morts. Ces dernières semaines, la région a fait l’objet de combats très virulents.

Une quarantaine de morts, apparemment brûlés vifs, ont été retrouvés ce samedi 25 décembre au village de Hpruso dans l’État Kayah.
Une quarantaine de morts, apparemment brûlés vifs, ont été retrouvés ce samedi 25 décembre au village de Hpruso dans l’État Kayah. AFP - HANDOUT
Publicité

Avec notre correspondante à Bangkok, Carol Isoux

Les corps calcinés de près d’une quarantaine de morts, des enfants, des femmes et des personnes âgées, apparemment brûlés vifs ont été retrouvés ce samedi 25 décembre au village de Hpruso dans l’État Kayah. Ce village, à majorité chrétienne, se trouve à la frontière avec la Thaïlande.

Ces villageois étaient des réfugiés qui avaient déjà quitté leur village de jungle à cause des affrontements avec l’armée birmane, sans doute rassemblés pour fêter le réveillon de Noël selon des sources locales.

« Lorsque nous sommes allés vérifier dans la zone ce matin, nous avons trouvé des cadavres brûlés dans deux camions. Nous avons trouvé 27 cadavres », a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat un responsable de la rébellion opposée à la junte au pouvoir, les Forces de défense du peuple (PDF). Un autre témoin a dit que « vingt-sept crânes » ont été identifiés, « mais il y avait d'autres cadavres dans le camion, tellement calcinés que nous n'avons pas pu les compter ».

Deux employés de l’ONG Save the Children « portés disparus »

L'ONG Save the Children a annoncé ce samedi que deux membres de son personnel en Birmanie étaient « portés disparus » après la découverte des corps calcinés dans des véhicules.

Save The Children a ensuite annoncé que deux membres de son personnel avaient été « pris dans l'incident » et étaient portés disparus. « Nous avons la confirmation que leur véhicule privé a été attaqué et incendié », a déclaré l'ONG britannique de défense des droits de l'enfant dans un communiqué.

Les deux employés rentraient chez eux après une mission humanitaire dans la région, selon Save the Children, précisant avoir suspendu ses œuvres dans plusieurs régions. « Nous sommes horrifiés par la violence visant des civils innocents et notre personnel qui se dédie à des tâches humanitaires, en aidant des millions d'enfants dans le besoin en Birmanie », a commenté la dirigeante de cette ONG britannique centenaire, Inger Ashing.

En octobre dernier, l'ONG avait déploré la destruction de ses bureaux dans la ville de Thantlang, dans l'ouest, dans un bombardement de la junte qui avait aussi rasé des dizaines de maisons après des combats avec un groupe local rebelle à la junte.

L’importante résistance à l’armée dans l’État Kayah

Ces dernières semaines, les combats entre des milices de citoyens et la Tatmadaw (l’armée birmane) ont été particulièrement violents dans la région, chacun des deux camps revendiquant des dizaines de morts.

L’État Kayah est l’une des places fortes de la résistance à l’armée, particulièrement chez les Karenni, une minorité ethnique à majorité chrétienne baptiste. Tandis qu’à Rangoun, le cardinal Charles Bo, qui s’était plusieurs fois exprimé contre le pouvoir militaire et en faveur de la protection des minorités chrétiennes a été récemment photographié découpant à quatre mains un gâteau de Noël avec le chef de la junte, Min Aung Hlaing, provoquant la consternation chez les militants.

À lire: La Birmanie aurait planifié le massacre des manifestants anti-junte en mars, selon HRW

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI