Les dates-clés de la vie de Napoléon Bonaparte
Sans doute l'un des personnages les plus emblématiques de l’histoire moderne, Napoléon Bonaparte fascine par sa destinée fulgurante et soulève en même temps des controverses. Stratège militaire hors pair, en quelques années, il mettra sous sa coupe la quasi-totalité de l’Europe, sauf la Russie et l’Angleterre. Souvent comparé à Alexandre le Grand pour ses triomphes et ses défaites épiques, Napoléon règne en despote, mais fait également figure de bâtisseur de l'État français tel que nous le connaissons aujourd’hui. L'année 2021 aura été riche en commémorations, à l'occasion des 200 ans de sa mort. L'occasion de revenir sur les moments forts d'un destin exceptionnel.
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15 août 1769 : Napoléon Bonaparte naît à Ajaccio sur l’île de Corse. Louis Napoléon Bonaparte est le 2ème fils de Carlo Maria Buonoparte et de Letizia Ramolino. En 1771, le père de Napoléon obtient la reconnaissance par la France de la noblesse de sa famille originaire de Toscane, en Italie. Le 1er janvier 1778, Napoléon et son frère Joseph entrent au collège d'Autun. Le 15 mai 1779, Napoléon est admis au collège militaire de Brienne qu’il quitte en 1784 pour l'école royale militaire de Paris.
1793 : la famille Bonaparte doit quitter la Corse et se réfugier à Toulon car ils étaient engagés contre l’indépendance de l’île. Durant l'été 1793, la France, dirigée par le Directoire, est menacée par la grande coalition européenne. Napoléon est nommé chef d'artillerie et affecté au siège de la ville de Toulon, alors sous l'emprise des Anglais. Il contribue à sa conquête le 17 décembre 1793. En récompense, il est désigné général de brigade par le Comité de Salut public. Lors de la chute de Robespierre en 1794 il est mis en prison pendant quelques mois. Mais le Directoire comprend rapidement qu’il est un brillant militaire dont les talents devraient profiter à la patrie.
2 mars 1796 : Le Directoire nomme Napoléon commandant en chef de l’armée d’Italie pour soutenir les révolutionnaires italiens réprimés par l’Autriche. Il se révèle grand tacticien pour mettre en pratique la stratégie qu’il a imaginée lors de ses nombreuses lectures. Faute de supériorité en nombre d’hommes, il s’agit de déceler le point faible de l’adversaire, de se déplacer très rapidement et d’attaquer par surprise successivement deux armées étrangères. Le 15 novembre, près de Rivoli, Napoléon entame la bataille qui dure 3 jours et l’emporte contre les forces ennemies pourtant plus nombreuses. Les Autrichiens sont contraints de capituler et de signer la paix de Campo-Formio le 17 octobre 1797.
19 mai 1798 : Napoléon Bonaparte part pour l'Égypte afin de mettre fin à l’influence de l’Angleterre qui a développé un commerce florissant. Les troupes françaises remportent la bataille des Pyramides, près du Caire, le 21 juillet. Mais le 1er août, le redoutable amiral anglais Nelson bloque la flotte française dans la baie d’Aboukir. La quasi-totalité des bateaux français sont coulés. Le 25 juillet 1799, Bonaparte emporte la bataille d’Aboukir mais se rend compte de la suprématie anglaise dans la région. Il décide de rentrer à Paris le 23 août 1799. Cette expédition achèvera d’établir sa popularité.
9-10 novembre 1799 : le coup d'État du 18 brumaire de l’an VIII. C’est le coup d’État parlementaire élaboré par Sieyès et Roger Ducos notamment pour renverser le Directoire, le gouvernement étant, selon eux, corrompu et en faillite. Ils demandent à Bonaparte de les aider à faire le coup d’État. Il escorte les deux assemblées législatives (le conseil des Anciens et le conseil des Cinq-Cents) au château de Saint-Cloud, en prétendant qu’un attentat se prépare. Le 10 novembre, Bonaparte intervient devant les députés du conseil des Cinq-Cents. Les soldats entrent alors dans la salle du Conseil. Un Consulat est établi. Le 13 décembre, Napoléon est nommé Premier Consul (Sieyès et Ducros sont le deuxième et le troisième Consul) et signe la nouvelle constitution de l’An VIII. Le 12 mai 1802, il devient Consul à vie. Pendant cette période, Napoléon ramène la paix (signature de la paix avec le Royaume-Uni), réorganise l'administration, les finances, la Justice et l'Église. Il établit la Banque de France, les préfectures et les départements, créé le livret de travail, le Code d'honneur et finalement le Code civil.
20 mai 1802 : Napoléon rétablit l’esclavage en France par décret. Le Premier Consul a une ambition coloniale et veut reprendre en main les colonies antillaises. Il veut surtout mettre fin au soulèvement de Toussaint Louverture, le chef militaire noir de Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti). Il envoie, fin 1801, une expédition à Saint-Domingue. Toussaint Louverture est arrêté et déporté. Dans l’entourage de Napoléon Bonaparte, les colons font pression pour rétablir l’esclavage. Par la loi du 20 mai 1802, le Premier Consul opte pour le maintien de l’esclavage là où il n’a pas été aboli : en Martinique, rendue par les Anglais, ainsi que dans l’océan Indien, où les colons ont refusé le décret de 1794. En Guadeloupe, l’esclavage est rétabli par les armes, malgré la résistance des officiers antillais Ignace et Delgrès, et par un arrêté consulaire du 16 juillet 1802. Cette mesure sera également appliquée en Guyane. À Saint-Domingue, les anciens lieutenants de Toussaint viennent à bout du corps expéditionnaire qui capitule en novembre 1803. Le 1er janvier 1804, le premier Etat noir décolonisé, voit le jour sous le nom d’Haïti.
18 mai 1804 : proclamation du Premier Empire. Le Consul à vie devient Empereur des français sous le nom de Napoléon 1er.
2 décembre 1804 : à Notre-Dame de Paris, devant 12 000 personnes, Napoléon 1er est sacré Empereur des Français par le Pape Pie VII, venu spécialement de Rome pour l’évènement. La cérémonie dure plus de quatre heures. La scène est représentée par le célèbre tableau « Le sacre » du peintre Jacques Louis David.
21 octobre 1805 : la bataille de Trafalgar. Le nouveau régime impérial entre en guerre très rapidement. Durant l’été 1805, l’Angleterre forme une coalition avec l’Autriche, la Russie, la Suède et le royaume de Naples afin de chasser Napoléon d’Italie. Napoléon est couronné roi d’Italie à Milan, le 26 mai. Les Anglais rompent la paix d’Amiens et Napoléon décide d’envahir l’Angleterre. Mais, l’invasion n’est possible que si la flotte anglaise est éloignée de la Manche. Napoléon compte attirer le redoutable amiral Nelson dans la Méditerranée pour lui laisser le champ libre et charge l’amiral Villeneuve qui commande la flotte à Toulon de faire diversion. Il engage un jeu du chat et de la souris avec Nelson entre l’Europe et les Antilles, puis il ancre la flotte à Ferrol en Espagne du Nord. Mais Villeneuve et Napoléon se comprennent mal. Villeneuve part à Cadix et ne sait pas que Napoléon abandonne le plan d’envahir Angleterre, car il doit se rendre en Autriche. Villeneuve remonte la côte méditerranéenne, mais avant le cap de Trafalgar au sud-est d’Espagne Nelson rattrape la flotte franco-espagnole. Durant la bataille de presque 6 heures, les Français perdent plus de 5000 hommes, et quasiment toute la flotte navale. Les Anglais ne comptent que 450 soldats morts, mais l’amiral Nelson y perd la vie et devient un héros national. Désormais, Napoléon n’a plus de flotte pour envahir l’Angleterre. La bataille de Trafalgar est considérée comme la plus grande bataille navale de l’histoire.
2 décembre 1805 : Napoléon écrase les troupes russes et autrichiennes à Austerlitz. L’épais brouillard matinal du 2 décembre sur le lieu de bataille du plateau de Pratzen constitue un auspice pour Napoléon. Les forces autrichiennes et russes sont sur les hauteurs, alors qu’une partie des troupes françaises est cachée. Napoléon montre tout son talent de stratège : son coup de génie a conduit les ennemis à se placer dans la position désirée. Malgré l’infériorité numérique, l’Empereur emporte sa plus prestigieuse victoire. Les Autrichiens signent la paix de Presbourg (Bratislava aujourd’hui), le 26 décembre.
21 novembre 1806 : blocus continental. L’Angleterre qui reste invaincue est toujours la grande rivale de Napoléon. Elle détient une force maritime dominante et contrôle le commerce mondial. Très puissante économiquement grâce à l’importation des matières premières depuis ses colonies (notamment l’Inde) le développement industriel de l’Angleterre a été fulgurant. L’Empereur est obligé de changer ses plans, car depuis la défaite de Trafalgar il n’a plus de flotte nécessaire pour attaquer l’Angleterre par la mer. Il décide alors d’affaiblir son ennemi économiquement et de bloquer son commerce. Napoléon oblige tous les ports de l’Empire et ceux des pays alliés, comme l’Espagne et la Hollande, à fermer leurs accès aux bateaux anglais.
1808 : la campagne d’Espagne. Allié traditionnel de la France, l’Espagne est aussi un pays qui joue un rôle important dans le blocus continental face à l’Angleterre. Le roi d’Espagne, Charles IV accuse son fils Ferdinand d’avoir voulu le détrôner et assassiner. Napoléon place le prince sous sa protection, le conflit entre le père et le fils lui offrant un motif pour entrer en guerre. Les troupes françaises sous commandement du lieutenant-général Murat entrent en Espagne le 20 février. Le 18 mars, une émeute éclate à Aranjuez et le lendemain Charles IV abdique en faveur de son fils qui devient Ferdinand VII. Quelques jours après, Murat entre dans Madrid. Mais Charles IV conteste son abdication et demande l’arbitrage de Napoléon. Celui-ci convoque toute la famille royale espagnole à Bayonne. C’est un piège car ils sortent alors du territoire espagnol. Il place son frère Joseph à la tête du royaume d’Espagne. Les habitants de Madrid se soulèvent dès le 2 mai. La répression française le 3 mai enflamme le pays, soutenu dans sa résistance par les Anglais. Le général Bessières ouvre la route de Madrid à Joseph par la victoire le 14 juillet 1808 à Medina del Rio Secco. Le lendemain, le général Dupont capitule à Baylen devant les insurgés espagnols. Pris de panique et à peine arrivé, Joseph quitte Madrid le 30 juillet. Face au soulèvement en Espagne, Napoléon se prépare à intervenir personnellement mais l’Autriche prépare ses troupes pour attaquer l’Empire par l’est. L’Empereur demande de l’aide au tsar russe Alexandre. Mais lors de l’entrevue à Erfurt, le 27 septembre, Napoléon est trahi par son ministre Talleyrand qui demandera au tsar de ne pas l’aider. Troublé par la réaction d’Alexandre, Napoléon fonce vers Madrid qui capitule le 4 décembre.
1er janvier 1809 : Napoléon est à Asturga et il affronte les troupes anglaises de Jon Moore venus du Portugal. Mais il apprend l’intrigue de Talleyrand et de son ministre de la police Fouché pour le remplacer par Murat en cas de son décès sur le champ de bataille. Il laisse la bataille contre les anglais au général Soult et rentre à Paris. Le 28 janvier, il disgracie Talleyrand mais le laisse en liberté. En Espagne, les batailles se poursuivent alors que Napoléon se prépare à affronter l’Autriche.
Printemps 1809 : Les Autrichiens prévoient d’attaquer l’Empire français dans trois directions : la Bavière, le royaume d’Italie et la Pologne. De son côté, Napoléon forme une nouvelle armée, car la plupart de ses troupes sont engagées en Espagne. Le 8 avril, l’archiduc autrichien attaque la Bavière et appelle l’Allemagne à se soulever contre la France. Napoléon lui est déjà en Allemagne depuis le 17 avril. Il gagne les batailles d’Absensberg le 20, de Landshut le 21, d’Eckmühl le 22, de Ratisbonne le 23. Le 13 mai c’est au tour de la capitale Vienne de capituler. Renforcé par une partie des troupes désengagées de l’Italie après avoir battu l’archiduc Jean à Raab, Napoléon passe à l’offensive et traverse le Danube afin de combattre l’archiduc Charles. Le 6 juillet 1809, à Wagram, Napoléon écrase les troupes autrichiennes. La paix est signée à Vienne le 14 octobre 1809.
15 décembre 1809 : Napoléon Ier divorce de Joséphine de Beauharnais pour raison d’État, son épouse n’ayant pu lui donner un héritier après 13 ans d’union. Napoléon a besoin d’un héritier mâle légitime pour consolider son régime impérial et créer une nouvelle dynastie régnante, celle des Bonaparte. Il épouse le 2 avril 1810 l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, fille aînée de son dernier ennemi François 1er. Elle lui donnera un fils le 20 mars 1811, qui est fait roi de Rome dès sa naissance.
8 avril 1812 : les désaccords franco-russes sont profonds et la paix de Tilsitt, signée en 1807, vole en éclat. Le tzar Alexandre déclare la guerre à Napoléon.
24 juin 1812 : Napoléon envahit la Russie avec 480 000 soldats. Mais les Russes temporisent et refusent de combattre en essayant d’éparpiller les forces françaises. Le 7 septembre commence la grande bataille de la Moskova aux portes de la capitale russe. Une semaine après, les troupes de Napoléon entrent dans Moscou que les Russes brulent pour ne pas voir leur capitale tomber aux mains de l’ennemi. Mais l’hiver russe très rude contribue à la débandade de l’armée de Napoléon. Il engage la retraite de ses troupes le 18 octobre. En grande difficulté, l’armée passe la rivière Bérézina en crue, les 28 et 29 novembre. Prévenu d’un coup d’État à Paris, Napoléon rentre précipitamment et confie le reste de l’armée aux maréchaux Ney et Murat. Seulement 20 000 soldats rentrent en France.
16-19 octobre 1813 : la Grande Armée, épuisée et décimée rentre de la campagne de Russie. Mais, les Russes et les Prussiens s’allient à nouveau contre la France. Napoléon est finalement battu à Leipzig. À la nouvelle de cette défaite, la Belgique et la Hollande se soulèvent tandis que les Autrichiens, avec le soutien des roi et reine de Naples Joachim et Caroline Murat (beau-frère et sœur de Napoléon), reprennent le trône en Italie. L’Espagne est également perdue. Napoléon voit son Empire décliner.
2 avril 1814 : la déchéance de l’Empereur Napoléon. Les Anglais envahissent le sud de la France, tandis que les Prussiens, les Autrichiens et les Russes menacent Paris. Le 24 janvier 1814, Napoléon part en campagne avec une armée de 60 000 soldats. La bataille d’Arcis-sur-Aube, les 20-21 mars, marque le début de la fin de Napoléon. Le 31 mars 1814, les Alliés entrent dans Paris, l’Empereur se réfugie au château de Fontainebleau. En même temps, le 2 avril, le Sénat vote la déchéance de l’Empereur. Napoléon abdique. Il est exilé à Elbe, une île au large de l’Italie, tandis que Louis XVIII retrouve le trône des Bourbons.
Février 1815 : Les "Cent jours". Napoléon embarque pour la France et parvient le 1er mars dans le golfe de Juan. Le 20 mars, il arrive à Paris acclamé par la population et s’installe au palais des Tuileries, Louis XVIII s’étant réfugié en Belgique la veille. Pour prendre de court tout le monde, il envahit la Belgique avec l’armée qui compte plus de 130 000 hommes. Le 16 juin, Napoléon se prépare à la bataille décisive à Waterloo au sud de Bruxelles. Le 18 juin 1815, l’armée britannique dirigée par le général Wellington, aidée en fin de journée par l'armée prussienne commandée par le maréchal Blücher, remporte finalement la bataille de Waterloo face à l'armée napoléonienne. Battu, Napoléon abdique une seconde fois, et se rend aux Anglais qui l’exilent à Sainte-Hélène, une petite île isolée dans l’Atlantique Sud.
17 octobre 1815 : après un voyage de deux mois et demi, Napoléon arrive à l’ile de Sainte-Hélène. Il se consacre à l’écriture de ses mémoires. Il souffre du climat, du confinement et de dépression.
5 mai 1821 : mort de Napoléon.
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