Euro: Prandelli, l'homme du renouveau italien

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Cesare Prandelli a bâti sur les ruines du Mondial-2010 une nouvelle Italie, plus joueuse et moins basée sur la défense, et l'a conduite jusqu'en finale de l'Euro-2012.

C'est l'homme de la renaissance. L'Italie a déjà atteint des grandes finales mais le plus grand exploit de "Prandè" est sans doute d'avoir vaincu les traditions et imposé un jeu de passe à une "Nazionale" qui a tant gagné sur la défense.

"Nous n'avons qu'une seule arme, le jeu, ce serait dénaturer deux années de travail, et peut-être même immature, de ne pas jouer. On prendra des risques". Ces paroles, Prandelli les a prononcées avant la demi-finale contre l'Allemagne. Il a tenu parole, et a donné la leçon à Joachim Löw, échec et mat (2-1).

Le beau Cesare, brillant, de ses cheveux gominés au bout de ses souliers vernis, a soutenu mordicus son idée de beau jeu, sur les cendres du Mondial-2010, où l'équipe de Marcello Lippi, qui avait ressorti la recette du bloc défensif de 2006, avait piteusement échoué au premier tour.

A son arrivée, il a réorganisé toute la filière de formation, comme l'avaient fait avant lui la France et l'Allemagne, plaçant des adeptes du beau jeu comme Arrigo Sacchi (coordinateur des équipes de jeunes), l'ex-mentor du grand AC Milan, et Roberto Baggio (directeur technique).

Après plusieurs tentatives, il a opté pour le fameux "rombo", le milieu en losange, une pointe en bas (Andrea Pirlo), une pointe en haut (Thiago Motta ou Riccardo Montolivo), et deux essuie-glaces (Claudio Marchisio et Daniele De Rossi).

Prandelli est aussi un modèle de fair-play, ce qui n'est pas forcément dans la tradition du "calcio", et un fidèle. Digne dans la défaite, il a dit dès juillet 2010 et sa nomination qu'Antonio Cassano serait l'homme de base de son projet.

Il a maintenu sa confiance à Cassano dès son retour de suspension, en janvier 2011, quand le joueur avait passé quatre mois sur la touche pour avoir insulté son président à la Sampdoria Gênes. Après le malaise cardiaque de "Fantantonio" le 31 octobre dernier, il a toujours répété qu'il l'attendrait. Il l'a attendu, et les voilà tous deux en finale.

Prandelli a également couvé Balotelli, n'hésitant pas à le tancer en public, tout en répétant qu'il "lui veut du bien". Et "Balo" l'a propulsé en finale d'un doublé éclatant.

Enfin s'il développe un jeu plus offensif pour la Nazionale, la défense n'est pas mauvaise, dans les standards italiens. Prandelli n'a pas tout jeté. Contrainte par les évènements de changer sa défense, de quatre à cinq pour revenir à quatre, et de changer ses hommes à cause des blessures, l'Italie n'a jamais perdu le fil à l'Euro.

Meilleure défense des qualifications avec deux buts encaissés, elle est encore solide en Pologne et en Ukraine (trois buts concédés).

Et cerise sur le gâteau, cet Honnête homme est aussi élégant et affable.

"Je suis toujours d'accord pour parler de football", répète Prandelli devant la presse. Il donne même souvent sa composition d'équipe avant les matches (mais pas dans les derniers tours de l'Euro!), car ainsi "les journalistes sont moins agressifs".