JO: Turiaf du sommet NBA au mont Olympe
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Un mois après être devenu le quatrième Français à remporter le titre NBA, Ronny Turiaf repart en campagne avec l'équipe de France aux JO de Londres (27 juillet-12 août) avec la même envie de grimper au sommet.
Douze mois comme le résumé d'une vie. Ce qu'a vécu le colosse martiniquais depuis l'été dernier ressemble à une existence en miniature, faite de peines et de joies. "Une de mes meilleures années", dit-il.
Elle a pourtant mal commencé par une fracture à une main qui allait le priver, lui le pilier des Bleus aux 92 sélections, de l'Euro-2011. "J'ai vécu l'épopée de façon différente. J'étais en symbiose avec les copains, c'était une expérience grandiose", raconte Turiaf qui, geste rare, a accompagné le groupe jusqu'au bout en Lituanie et a fini avec eux sur la photo du podium, toutes les médailles d'argent de ses copains autour du cou.
Toujours convalescent, il a alors enchaîné sur la NBA où il n'a d'abord presque pas joué à Washington. "Des moments difficiles". Mais "ce petit cheminement" a fini par l'amener jusqu'à Miami où il a terminé sa saison "avec le titre NBA et trois minutes de pur bonheur", son temps de jeu sur la finale face à Oklahoma City, réduit certes mais inestimable.
C'était le 22 juin. Place ensuite à "quatre jours de fatigue", comprenez de fête, et le voici de nouveau en bleu. "Il n'est pas incontournable", disait pourtant le sélectionneur Vincent Collet au printemps, confronté à l'arrivée de Joakim Noah, l'émergeance de Kevin Séraphin et la belle saison d'Ali Traoré.
"Mon compatriote"
Mais le forfait de Noah, le pote de Turiaf - "mon compatriote", dit-il - avec lequel il a partagé la chambre en Lituanie, a libéré une place et permis au Martiniquais de 29 ans d'être de nouveau titulaire au poste de pivot.
Lui de toute façon a appris à être philosophe. La vie est passée par là. "Je me suis fait opérer à coeur ouvert (en 2005 pour une malformation de l'aorte). Alors une petite main cassée ce n'est rien, balaye-t-il. Aujourd'hui, rien ne peut m'atteindre. Je me donne 48 heures dans ma chambre pour être triste. Après je fais deux, trois pompes et c'est reparti!"
Cela l'a amené, après bien des détours, jusqu'à Londres avec ses copains Tony Parker et Boris Diaw, une amitié qui va "au-delà du basket". "On est passé par de bons et des mauvais moments et on était là l'un pour l'autre à chaque période de notre vie. Lorsqu'on va marcher tous les trois pendant la cérémonie d'ouverture dans le stade olympique, ce sera une boucle qui sera bouclée."
Camp en Martinique
Les JO, Turiaf en rêve depuis qu'il s'est "réveillé à trois heures du matin" pour suivre l'épopée de Sydney en 2000 à l'Insep, alors qu'il était encore "un bébé". A l'époque, y participer un jour n'était qu'un "rêve inaccessible".
"J'ai commencé le basket à 14 ans, jamais je n'aurais pensé arriver là où je suis aujourd'hui", dit-il. Alors il savoure et pense qu'avoir "souffert pour aller chercher cette qualification olympique rend l'histoire encore plus belle". "On n'a jamais lâché le morceau, alors qu'on aurait pu", ajoute ce témoin des qualifications sabordées pour les Jeux 2004 et 2008.
Maintenant qu'il y est et qu'il va vivre cette "expérience globale", Turiaf dit qu'une "médaille rendrait le film encore plus beau". Mais ce qui lui fait "le plus plaisir", finalement c'est son "parcours de vie".
"J'ai quand-même réussi de belles choses et grâce à tout ce qui m'est arrivé, positif ou négatif, je peux aller faire mon camp en Martinique et dire à ces jeunes qu'il faut travailler et apprécier tout moment qui arrive parce que tu ne sais pas ce qui peut arriver demain, martèle-t-il. Les JO me permettent de faire passer ce message d'endurance mentale, de continuité. Qu'il faut avoir confiance en soi et sa famille."