Hier, 1er mai, fête du Travail dans le monde ; l’occasion d’exprimer ses joies et ses attentes, surtout ses attentes… Car, comme le souligne le quotidien burkinabè Le Pays, « au regard de la floraison des licenciements, du renchérissement continu du coût de la vie, le tout couplé à une modicité certaine des salaires, on peut bel et bien se dire que les années passent, mais que les problèmes des travailleurs vont de mal en pis, s’aggravent. Certes, reconnaît le journal, quelques augmentations, dont une hausse de 5% des salaires, ont été accordées aux travailleurs burkinabè, il y a de cela quelques temps, mais ces augmentations paraissent bien pâles face au renchérissement des prix des produits. On en veut pour preuve la récente hausse de 25% sur le prix de la bouteille de gaz de 12 kilogrammes. » Bref, conclut Le Pays, « c’est dans ce contexte que le travailleur burkinabè regarde défiler les années, chacune avec son 1er-Mai, synonyme de cette “bien triste” fête du Travail. »
Un Gorgorlu trop exigeant ?
Au Sénégal, la situation n’est guère enviable… « Un dialogue social sincère et permanent. C’est ce que prônent les centrales syndicales, relève La Tribune à Dakar. Les représentants de ces organisations étaient hier face au président Macky Sall, à la salle des banquets pour la traditionnelle remise des cahiers de doléances. »
Parmi ces doléances, le dialogue donc, mais aussi le problème du prix des denrées de première nécessité. « Pour les syndicats, note La Tribune, la baisse des prix n’est qu’un effet d’annonce de la part du gouvernement. Les Sénégalais ne la sentent pas. Une revendication qui surprend Macky Sall », relate La Tribune. « Je suis étonné lorsque j’entends dire que le gouvernement n’a pas baissé les prix des denrées », affirme-t-il. Et le président de la République de poursuivre : « A mon arrivée au pouvoir, en avril 2012, le kilogramme du riz brisé coûtait 345 francs CFA. Aujourd’hui, il coûte 300 F. Soit une baisse de 45 F. »
Et Macky Sall de fustiger ceux qui ont des goûts de luxe, ceux qui préfèrent le riz parfumé, plus cher, car non-subventionné. Commentaire du journal : « Le chef de l’Etat ne veut nullement croire que les baisses notées sur certains produits n’ont aucun effet sur le panier de la ménagère. Gorgorlu, c’est-à-dire le Sénégalais pauvre mais débrouillard, ne cesse de se lamenter et continue de tirer le diable par la queue. Pourtant, même si ses poches sont parfois vides, il n’hésite pas une seule seconde à se ruer vers le riz parfumé avec des poulets bien gras, pour se gaver à satiété. Lui ne partage sans doute pas l’argumentaire du président selon lequel ce riz si prisé est un luxe exclusivement destiné aux riches. Il y a nombre de supposés pauvres qui ont adopté des comportements dits de riches. »
Urgences…
Doléances et revendications également en Côte d’Ivoire… « Les travailleurs réclament un mieux-être », constate le quotidien L’Intelligent qui rapporte ces propos d’un syndicaliste hier devant le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan : « Si le gouvernement est fier du taux d’inflation à 3,5% avec un déficit à3 %, une croissance à 8,5% confirmée par le FMI et la Banque mondiale, il n’en demeure pas moins que la réalité dans nos ménages est toute autre. Oui, Excellence, poursuit le syndicaliste, nous ne supportons plus la cherté de la vie. Et là, il y a urgence (…) Le coût de l’électricité est hors de portée. La multiplicité et l’accroissement des taxes diverses font exploser les prix sur les marchés. Il faut donc agir pour parer à l’urgence. »
Ou encore cette belle formule d’un autre syndicaliste ivoirien : « Nos salaires, ou du moins ce qu’il en reste, peinent dans les escaliers alors que les prix se sont envolés dans les ascenseurs. »
La demande sociale est forte aussi en Guinée… Les syndicats ont présenté hier au gouvernement un cahier de doléances en 10 points… « Il s’agit entre autres, relève le site GuinéeNews, de l’application immédiate des accords issus des négociations tripartites du 14 décembre 2012, à savoir : le relèvement à 100% des salaires indiciaires des travailleurs toutes catégories confondues ; le relèvement à 100% des pensions de retraites ; la construction des logements sociaux pour les travailleurs ; ou encore la non ingérence de l’autorité dans le fonctionnement des organisations syndicales. »
Boukary Daou libre !
Enfin, un grand motif de satisfaction au Mali : la libération de notre confrère Boukary Daou… Le directeur de publication du quotidien Le Républicain a été libéré avant-hier. Il était sous les verrous depuis le 6 mars dernier pour « publication de fausses nouvelles ». Il avait publié dans son journal une lettre de revendications émanant d’officiers au front. Avant-hier, sous la pression des avocats de la défense, le juge a déclaré la nullité de la poursuite.
Commentaire ce matin du Républicain : « le juge a ainsi mis fin à un procès qui n’aurait jamais dû avoir lieu. En tout cas, pas en cette période, où notre pays a besoin de la mobilisation, de l’énergie de ses filles et fils, dont les journalistes sur d’autres fronts. Nous tirons le chapeau aux avocats, qui ont bien voulu se constituer pour la défense de Boukary Daou, donc de la liberté de la presse, socle de toute véritable démocratie. »
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne