Les atermoiements de Barack Obama font l’objet de tout un article paru il y a quelques jours dans le Monde. Les atermoiements ? C'est-à-dire les hésitations ! Il tient une conférence de presse, mais n’a pas d’annonce précise à faire. Pire, il s’est vu reprocher une certaine confusion. Le discours n’est donc pas absolument décisif, et la volonté peut sembler un peu confuse. C’est en tout cas ce qui semble être évoqué par le mot atermoiement. Un mot qui fait un peu savant, qu’on trouve dans des discours officiels, dans les médias. Et un mot qui en général a un effet péjoratif : quand on parler des atermoiements de quelqu’un, c’est qu’on souligne son indécision, son désir de ne pas s’engager, de gagner du temps. Et la plupart du temps c’est même qu’on condamne, ou en tout cas qu’on déplore cette absence de netteté. Personne ne parle de ses propres atermoiements pour justifier son action ; on peut en parler pour soi, mais uniquement pour faire son autocritique ou par dérision, pour se moquer de soi-même. Le sens qu’on vient de mentionner n’est d’ailleurs pas le premier : au départ ce mot appartient à la langue juridique, et désigne de façon très précise le délai qui est accordé à un débiteur pour payer ce qu’il doit : quelques jours ou quelques semaines de plus donc pour réunir la somme qu’il doit payer. On a bien dès lors l’idée d’une obligation qu’on repousse, qu’on diffère ; on a un répit, une respiration. Mais ça ne met pas en cause celui à qui on accorde ce bénéfice.
Toutefois ce sens fait aujourd’hui partie de l’histoire : il est oublié et les atermoiements ne sont plus que des tergiversations. Ce dernier mot est lui tout à fait en usage, d’une signification plus négative encore qu’atermoiement : on tergiverse quand on ne veut dire ni oui ni non : on a peur de s’engager, dans un sens ou dans un autre, et prudemment, on reste dans un entre deux, comme si on était dans une zone d’attente. Et le mot évoque les prétextes, les mauvaises raisons qu’on peut invoquer pour différer une réponse, en un mot, les faux-fuyants ! Voilà le mot le plus terrible de toute cette série, tant il évoque la lâcheté et le détour, en utilisant à la fois les images de la fuite et de la fausseté ! Un faux-fuyant est une échappatoire, une excuse fabriquée, forgée, inventée dans un mouvement d’évitement.
Avertissement !
Ce texte est le document préparatoire à la chronique Le Mot de l’Actualité. Les contraintes de l’antenne et la durée précise de la chronique rendent indispensables un aménagement qui explique les différences entre les versions écrite et orale.
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique.
http://www.cndp.fr/
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