Chronique des matières premières

La Commission européenne enquête sur les prix du pétrole

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Y a-t-il eu entente sur les prix du pétrole entre les compagnies BP, Shell, Statoil voire Eni, qui ont reçu la visite des enquêteurs de la Commission européenne ?

Comment savoir à quel prix se sont réellement échangées les cargaisons de pétrole brut, d'essence, de gazole, de kérosène ?
Comment savoir à quel prix se sont réellement échangées les cargaisons de pétrole brut, d'essence, de gazole, de kérosène ? AFP/Philippe Huguen
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L'industrie pétrolière balaie d'un revers de main les soupçons de Bruxelles en expliquant qu'elle n'aurait eu aucun intérêt à fausser les prix du brut, étant donné qu'elle ne fait pas qu'en vendre, et qu'elle en achète aussi pour ses raffineries... Mais il faut reconnaître que le marché physique du pétrole reste bien opaque.

Contrairement aux marchés à terme de Londres ou New York qui sont des marchés financiers de plus en plus régulés, le marché physique est un marché de gré à gré, où les contrats sont par définition confidentiels entre l'acheteur et le vendeur. Comment savoir à quel prix se sont réellement échangées les cargaisons de pétrole brut, d'essence, de gazole, de kérosène ? C'est là qu'entrent en scène les agences d'évaluation des prix appelées dans le jargon agences de « reporting ».

L'agence Platts, mise en cause dans l'enquête de la Commission européenne est la plus ancienne, elle est presque centenaire. Son principal concurrent est Argus. Tous les jours, ces agences diffusent un prix indicatif des différents produits pétroliers. Le problème c'est qu'elles se basent sur un sondage et sur la bonne foi des opérateurs. Telle compagnie pétrolière dira qu'elle a vendu tant de cargaisons de Brent à tel prix, tel acheteur dira qu'il a offert tant d'un tanker de brut nigérian ou d'un cargo d'essence.

Rien ne permet à Platts ou Argus de le savoir réellement, ces agences peuvent juste exclure les données qui leur paraissent aberrantes par rapport à la tendance du jour. Pourtant leurs prix sont considérés comme la référence par toute la filière, des réseaux de stations service aux compagnies aériennes, et jusqu'aux municipalités qui doivent se fournir en fuel. D'où l'importance de contrôler le fonctionnement de ces agences d'évaluation des prix. C'est ce qu'avait demandé le G20 en 2011. L'enquête de la Commission européenne va finalement dans le même sens.

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