Le projet de gazoduc européen Nabucco a encore toutes ses chances
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Le sort du projet Nabucco sera décidé le mois prochain. Ce gazoduc, alternative européenne à l'approvisionnement russe, vient de trouver un nouveau partenaire de poids, le groupe français GDF Suez.
Baptisé d'après l'opéra de Verdi, Nabucco, parce qu'il était censé soulager l'Europe du joug gazier russe, le projet de gazoduc transeuropéen était plutôt devenu un serpent de mer... On en parlait régulièrement depuis plus de dix ans, mais il tardait à voir le jour. Trop ambitieux par son tracé, de l'Asie centrale à l'Autriche, et donc trop cher depuis l'irruption de la crise et la chute de la demande de gaz en Europe, il était aussi concurrencé par de nouveaux gazoducs russes qui prenaient le soin d'éviter l'Ukraine, régulièrement fâchée avec Moscou, pour éviter l'interruption de l'approvisionnement qu'avait connue l'Europe en plein hiver, il y a quatre ans. Enfin, Nabucco n'avait toujours pas de source sûre d'approvisionnement en gaz, ce qui était pour le moins gênant !
Pourtant le projet semble avoir trouvé un nouveau souffle. Raccourci depuis que la Turquie a construit son propre gazoduc à travers l'Anatolie, le projet Nabucco hérite d'un tracé moins long jusqu'à l'Autriche ; « Nabucco Ouest », son nouveau nom, est donc devenu moins coûteux ; du coup, explique Francis Perrin, expert pétrolier, ses actionnaires ont pu améliorer leur offre commerciale au consortium de gaz azeri qui pourrait remplir les tuyaux à partir du champ gazier de Shah Deniz 2. L'Azerbaïdjan est donc désormais l'arbitre ultime. Car le pays d'Asie centrale doit choisir, pour écouler son gaz, entre Nabucco Ouest et TAP, un autre projet de gazoduc qui aboutit, lui, en Italie. Ce projet concurrent a l'avantage d'être plus court, un peu moins cher et donc réalisable rapidement, il traverse aussi des pays comme la Grèce qui ont un besoin urgent de nouveaux revenus et le transit du gaz sur le territoire en rapporte. Mais Nabucco garde toutes ses chances. En tout cas, le groupe français GDF Suez, un poids lourd du marché gazier européen, semble y croire, puisqu'il vient de rejoindre l'actionnariat. Le sort de Nabucco devrait être tranché le mois prochain.
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