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A la Une : le premier mariage gay

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Deux hommes qui s’embrassent à la Une de Libération, avec ce simple titre : « Oui ». « Oui », s’exclame également La Marseillaise. « Historique ! », lance Le Midi Libre. « Bruno et Vincent en justes noces », estime La Dépêche. « Vincent et Bruno, les mariés de l’an I », souligne L’Indépendant.

Presse Océan, pour sa part, annonce en Une le premier mariage gay en Loire-Atlantique : « Loïc et Virgil, pacsés depuis 2000, se marient demain au Croisic. »

C’est donc parti pour le mariage pour tous. Et à l’image d’une France divisée sur la question, les commentaires sont plutôt nuancés ce matin. Certains s’enthousiasment à l’image de La Voix du Nord : « l’institution du mariage vit une belle étape et symbolise l’égalité entre humains. Il faut s’en réjouir, pas s’en gargariser. Il est plus que temps, également, de remballer les haines. (…) Après ce premier mariage homosexuel de l’histoire de France, on a le sentiment que cette loi sociétale, qui a divisé, restera comme un temps fort du quinquennat de François Hollande, estime le quotidien nordiste. Comme la loi Veil sur l’avortement sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Comme l’abolition de la peine de mort et la dépénalisation de l’homosexualité sous François Mitterrand. »

D’autres journaux, comme L’Union, sont beaucoup plus réservés… « La majorité de gauche présente cette nouvelle loi comme le premier grand acquis sociétal du quinquennat de François Hollande qui fait œuvre de modernisation de la civilisation. Rien de moins. (…) Il y a des Français qui estiment que la famille au sens de la création a été sacrifiée au profit d’une loi de confort niant la conception habituelle de la vie. (…) Il reste sur ce sujet qui relève de l’intime deux France, relève L’Union. Sans se convaincre, elles doivent au moins se respecter, pour ne pas ajouter d’autres fractures à celles que la crise empêche déjà de réduire. »

D’autres, enfin, s’interrogent sur d’autres bouleversements qui pourraient survenir, à l’instar de La Dépêche du Midi : « la recherche médicale, notamment la biologie et la génétique, a bousculé en peu de temps tout ce qui appartenait à l’ordre supposé “immuable” de la nature et qui fondait précisément l’ordre de nos sociétés – à commencer par la famille “naturelle”. Aujourd’hui déjà, relève La Dépêche, près d’une naissance sur cinquante est le résultat d’une procréation médicalement assistée – cette fameuse PMA qui inquiète tant les adversaires du mariage pour tous. Qu’en sera-t-il dans un très proche avenir ? Un monde nouveau nous guette contre lequel toute “croisade du refus” serait vaine, estime La Dépêche. C’est aux autorités politiques et non religieuses d’éviter bien sûr les dérives de la science et de ses magiciens, mais aussi d’encourager les avancées de la recherche, de prendre en compte l’état d’une société, bref d’envisager non pas le meilleur des mondes mais le meilleur monde possible. »

Manuel de survie ou programme de destruction ?

Le Figaro parle des « 10 commandements de Bruxelles ». Libération, lui, parle de « pense-bête de Bruxelles »… En tout cas, la Commission européenne a conseillé hier à Paris de s’engager vers des réformes précises et radicales. « Retraites, impôts : ce que Bruxelles attend de Paris », lancent Les Echos, avec la photo d’un François Hollande l’air soucieux. En effet, « il n’y a rien de glorieux à se voir morigéné comme un mauvais élève », relève le quotidien économique qui pointe la réaction irritée du président : « la Commission n’a pas à nous dicter ce que nous avons à faire. »

« François Hollande doit-il vraiment s’étonner d’avoir à subir pareil affront ? », s’interroge Le Figaro. « Réduction drastique et documentée des dépenses publiques, rationalisation de l’administration et du millefeuille des collectivités, réforme de grande ampleur des retraites, réduction des impôts directs et réhabilitation de la TVA sociale, baisse du coût du travail, remise à plat de l’indemnisation chômage, assouplissement de la réglementation sociale… Ce catalogue, qui hérisse les socialistes, n’est rien d’autre qu’un manuel de survie, s’exclame Le Figaro. Il décline, à peu de choses près, ce que le social-démocrate Gerhard Schröder, cité en exemple la semaine dernière par François Hollande, a mis en application en Allemagne. Il reste au chef de l’État à passer des paroles aux actes. »

En effet, renchérit La Croix, il faut agir et vite : « la convergence des diagnostics est impressionnante. En vingt-quatre heures, successivement la Banque de France, la Cour des comptes et la Commission européenne ont délivré, en substance, le même message, relève le quotidien catholique : pour redresser sa situation économique, la France ne peut se contenter de simplement serrer les boulons ; il lui faut engager des réformes importantes. »

Pas d’accord L’Humanité… Le quotidien communiste qualifie les recommandations de Bruxelles de « programme de destruction massive. Bruxelles exige de la France une véritable régression sociale. Casse des retraites dans l’année, privatisations, ultra flexibilité du travail, allègement de l’impôt sur les sociétés et alourdissement de la TVA. » Et le quotidien communiste de s’exclamer : « la guerre aux pauvres est déclarée. »

Une réalité complexe et hybride

« Terrorisme : la guerre sans fin » : c’est le dossier de Libération. Libération qui, après les attentats de Londres et Paris contre des militaires, s’attarde sur le cas de ces « terroristes isolés qui mettent les autorités à l’épreuve. » « Le profil d’Alexandre D., converti à l’islam, signalé en 2009 à la DCRI et soupçonné de l’attaque contre un soldat à la Défense, montre la difficulté de cerner la dangerosité des jeunes islamistes », explique le journal pour qui il n’y pas un « profil type » mais « une réalité complexe et hybride ». C’est ce que souligne d’ailleurs Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, interrogé par le journal. Manuel Valls qui « juge que la lutte contre le terrorisme se joue aussi en prison, à l’école et surtout sur le Web. Il préconise d’y détecter au plus tôt les signaux de radicalisation. »

Et Libération dans son éditorial de citer Albert Camus : « le terrorisme ne mûrit pas tout seul. Il est le fruit amer des humiliations accumulées par une population marginalisée. »

Commentaire du journal : « à nos sociétés, aux communautés musulmanes de convaincre ceux qui s’en sentent exclus que la violence au nom d’une religion dévoyée est une impasse personnelle et un suicide politique. »

Peut-être un nouveau rebondissement dans l’affaire Bettencourt avec cette révélation du Parisien. « Soupçons sur l’enquête », titre Le Parisien qui révèle en effet que « le juge Gentil, qui instruit la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour “abus de faiblesse”, serait lié avec l’un des experts », en l’occurrence, l’un des médecins du dossier. En effet, cette femme médecin chargée d’expertiser Liliane Bettencourt, en juin 2011, « n’était autre que le témoin de mariage du magistrat instructeur ! Dès lors, relève le journal, tous les doutes sont permis sur l’impartialité de Jean-Michel Gentil. Et la validité de l’expertise est sujette à caution. (…) La défense de Sarkozy devrait contre-attaquer », croit encore savoir le journal.

Les années 1960 comme on ne les avait jamais vues…

Enfin, on revient à Libération avec une découverte étonnante : des milliers de photos inédites des rock-stars des années 1960… Certains de ces clichés sont visibles à Londres, dans une galerie qui « expose le travail surprenant d’un photographe français parfaitement inconnu, Roger Kasparian. Les images en noir et blanc sont belles, relève Libération, mais, surtout, elles font ressurgir le début des années 1960 dans toute leur fraîcheur : l’époque des yéyés, des premières tournées françaises des Beatles, des Rolling Stones, des Who, des Kinks, quand ces stars étaient encore abordables, étonnées de leur sort. » En fait, Kasparian, aujourd’hui âgé de 75 ans, était jeune photographe : « il n’était pas une star de la photo, de la tribu des Jean-Marie Périer et consorts. Il se fondait dans le décor, shootait dans son coin », raconte Libération. « «J’étais jeune, j’avais leur âge, les choses étaient simples. Il n’y avait pas de barrière entre nous», explique-t-il. Et puis au début des années 1970, « les stars deviennent des chasses gardées et lui-même n’a plus très envie de faire “ce truc de jeune”. Le freelance reprend alors la boutique de son père, à Montreuil, pour faire des photos de famille, laissant les folles sixties derrière lui. »

Jusqu’à ce que par hasard, un collectionneur découvre son vieux stock de clichés. Résultat : le photographe inconnu, Kasparian, expose à Londres, et bientôt à Lyon et à Paris.

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