Chronique des matières premières

Le pétrole de schiste américain divise davantage l'OPEP

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Les ministres de l'OPEP, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, se réunissent aujourd'hui, vendredi31 mai 2013, à Vienne. Le cartel pétrolier ne devrait pas remettre en cause son niveau de production global. Ce qui n'empêche pas les clivages de s'aggraver au sein de l'OPEP, à mesure que les Etats-Unis produisent de plus en plus leur propre pétrole.  

Une raffinerie au Nigeria.
Une raffinerie au Nigeria. Getty Images
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A l'OPEP, le clivage n'est pas nouveau entre les « faucons » et les pays du Golfe. Les premiers, Venezuela et Iran, sont toujours prompts à demander une baisse de la production du cartel pour faire remonter les prix, alors que l'Arabie saoudite et les Emirats se satisfont d'un baril au-dessus de 90 dollars, et c'est le cas. Mais la fracturation hydraulique aux Etats-Unis est en train d'aggraver les fissures au sein de l'OPEP. D'abord le fait que les Etats-Unis soient de plus en plus autosuffisants et donc prélèvent moins de pétrole sur le marché international, cela pèse sur les cours, ce qui accentue les exigences des faucons de l'OPEP, qui ont de plus en plus besoin de devises.

Les clivages s'accroissent aussi parce que les pays producteurs du cartel ne sont pas frappés de la même façon par cette révolution du gaz et du pétrole de schiste aux Etats-Unis. L'Arabie saoudite a même augmenté ses ventes de 15% l'an dernier, parce qu'elle exporte un brut lourd que ne produisent pas les Etats-Unis. Au contraire, les pays africains du cartel sont frappés de plein fouet, leurs exportations aux Etats-Unis ont été divisées par deux l'an dernier. D'abord, ils sont beaucoup plus dépendants du marché américain que l'Arabie saoudite, et ils produisent, en particulier le Nigeria, un pétrole léger qui entre en concurrence frontale avec le brut américain, de même qualité.

L'OPEP risque enfin de se fissurer de plus en plus entre l'Arabie saoudite et l'Irak, à mesure que Bagdad développe sa production. L'Irak est désormais le deuxième producteur de l'OPEP, et il entend tripler sa production, ce qui le ferait parvenir au niveau du champion saoudien. L'Arabie saoudite voudrait bien faire rentrer l'Irak dans le système des quotas dont Bagdad est exempté depuis la première guerre du Golfe. Mais l'Irak menace de sortir de l'OPEP. Ces deux pays, comme l'Iran, sont candidats au remplacement du secrétaire général de l'OPEP, mais l'absence de consensus aboutira sans doute encore à la prolongation du secrétaire général sortant, le Libyen Abdallah el Badri, en place depuis 2007 ! 

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