Décidément, l’actualité tourne autour de la famille Gbagbo en Côte d’Ivoire. Après l’annonce avant-hier, mardi 14 octobre, du procès de Simone Gbagbo qui débutera le 22 octobre, on a appris hier, mercredi 15 octobre, le décès de la mère de l’ancien président, Gado Marguerite, 94 ans. Un décès qui fait la Une de la presse ivoirienne. « La mère de Gbagbo meurt en route », s’exclame ainsi Soir Infos. En effet, la veille dame, souffrante, est décédée dans la voiture qui l’emmenait dans son village de Blouzon. « A Accra au Ghana, où elle vivait depuis 2011, elle insistait fortement ces derniers jours pour regagner sa terre natale, relève Soir Infos. […] Et quand elle est arrivée à Abidjan, dimanche dernier, la mère du fondateur du FPI a été au centre d’une grosse bataille entre sa famille et le régime Ouattara. Le président de la République, Alassane Ouattara, avait donné des instructions pour qu’elle soit prise en charge médicalement dans une grande polyclinique d’Abidjan. Le numéro 2 du gouvernement avait envoyé le Pr Sangaré pour la transférer dans cet établissement. Il avait d’abord téléphoné à la famille, avant de recevoir, à son cabinet au Plateau, Yobo Gosset Henri, le neveu de Gado Marguerite. Mais, pointe Soir Infos, en dépit de toutes ces démarches, la famille Gbagbo a rejeté l’offre étatique. »
Du coup, polémique… « Vous avez tué Maman Gbagbo ! », s’exclame L’Intelligent en Une. En effet, précise le journal, « la famille de Gbagbo est responsable du décès de la mère de l’ancien président. »
La famille, précise le journal, qui a « produit un communiqué pour dire non à toute récupération politique. Alors que le gouvernement avait avancé des raisons humanitaires. La famille doit avoir maintenant la mort de Marguerite Gado sur la conscience pour non assistance à personne en danger. »
Et L’Intelligent de s’emporter : « ils ont refusé toutes les propositions des autorités ivoiriennes. Ils ont mis la vieille dans un véhicule banal. Ils ont refusé l’ambulance médicalisée pour qu’elle soit conduite au village. Lorsque la vieille a commencé à se sentir mal, pris de panique, ils ont voulu faire demi-tour. Sa dernière volonté n’a pas été exaucée, car elle n’a pas pu mourir auprès des siens dans son village natal. Elle a rendu l’âme en route. […] Puisse cette mort, conclut L’Intelligent, au lieu de nous diviser davantage, nous faire prendre conscience de l’urgence de nous réconcilier, de tourner la page. Pars en paix Maman ! »
Méga procès…
Toujours dans la famille Gbagbo, après la mère, l’épouse… Encore beaucoup de réactions après l’annonce du procès de Simone Gbagbo à Abidjan.
Le procès s’ouvrira le 22 octobre : « un méga procès, s’exclameL’Observateur Paalga. A la barre de la Cour d’assise d’Abidjan, pas moins de quatre-vingt-dix prévenus, tous des anciens dignitaires du régime déchu, devront répondre de leurs agissements durant la crise postélectorale de 2010-2011. Des cadres du Front populaire ivoirien tels que l’ex-ministre des Affaires étrangères Pascal Affi Nguessan, Michel Gbagbo ou le Premier ministre Gilbert Aké N’Gbo. Et en première ligne, donc, la prisonnière d’Odiénné dans le nord-ouest du pays, Simone Gbagbo. »
De son côté, Le Pays estime que les autorités ivoiriennes n’avaient pas trop intérêt à envoyer Simone Gbagbo à la CPI : « extrader un troisième partisan de Gbagbo, de surcroît une femme, devant cette Cour, sans que l’on ait vu pour le moment le moindre menu fretin du camp Ouattara inquiété, aurait pu non seulement être choquant pour beaucoup d’Africains, affirme le quotidien burkinabé, mais aussi contribuer à mettre davantage mal à aise les autorités d’Abidjan qui se défendent de mener une justice de vainqueurs. »
« Malgré tout, poursuit Le Pays, on se demande si ce procès en Côte d’Ivoire pourrait arrêter ou éteindre la procédure de la CPI. Rien n’est moins sûr, surtout au regard des chefs d’accusations qui sont certainement loin de satisfaire cette Cour. » En effet, « alors que la CPI veut entendre Simone Gbagbo pour répondre des accusations de crimes contre l’humanité, les autorités ivoiriennes, pour l’instant, brandissent l’atteinte à la sûreté de l’Etat. »
En tout cas, conclut Le Pays, « ce procès est un véritable défi pour les autorités ivoiriennes. Comment en effet tenir un procès équitable dans un contexte où Abidjan est soupçonné de pratiquer une justice à deux vitesses ? Là est toute la question et c’est en cela que l’on se demande si, au bout du compte, la grande catharsis aura lieu en Côte d’Ivoire. Car, le risque est grand que certaines rancœurs soient exacerbées à l’issue d’un procès dont certains pensent qu’il sera bâclé. »
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne