« Après deux jours d’audition, l’homme d’affaires Vincent Bolloré a été mis en examen pour corruption, pointe le site d’information Guinée News. Le Breton et ami personnel du président Alpha Condé a été présenté hier aux juges d’instruction en charge de l’enquête sur l’obtention de concessions portuaires en Guinée et au Togo. Les juges Buresi et Tournaire, connus pour avoir instruit l’affaire du présumé financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, ont donc conclu à l’existence d’éléments et indices graves laissant penser que le groupe Bolloré avait recouru à des méthodes illégales pour décrocher des concessions portuaires en Guinée et au Togo. Pour les juges d’instruction, le président Alpha Condé, alors candidat à l’élection présidentielle en 2010, a bien bénéficié des services sous-facturés de l’agence de communication Havas, une filiale du groupe Bolloré. »
Et les corrompus ?
En clair, s’interroge La Nouvelle Tribune à Cotonou, « Vincent Bolloré a-t-il corrompu ses amis pour avoir les concessions des ports de Conakry et de Cotonou ? Les juges français semblent penser que oui. En attendant d’en savoir un peu plus sur les indices qui accablent le patron de Bolloré, ce dont on peut déjà se convaincre et qui n’a certainement pas échappé aux enquêteurs, pointe le quotidien béninois, c’est la coïncidence de deux contrats portuaires avec le soutien apporté par Havas, société de communication du groupe Bolloré, aux campagnes victorieuses des présidents guinéens et togolais en 2010. »
Et désormais, poursuit La Nouvelle Tribune, « la justice doit lorgner vers les présumés corrompus. Ceux qui, en Guinée multiplient les déclarations pour défendre le contrat passé avec le groupe Bolloré en savent certainement beaucoup sur cette affaire. La justice doit donc leur donner l’occasion de venir verser leur part de vérité au dossier pour sauver leur honneur et celui des gouvernements auxquels ils appartiennent. En le faisant, ces responsables africains contribueront à la réalisation d’un enjeu plus grand encore, à savoir la lutte pour la moralisation de la vie publique sur le continent. »
Immunité…
En effet, renchérit L’Observateur Paalga au Burkina, « on pourrait s’attendre à ce que les interlocuteurs africains de Bolloré, notamment Alpha Condé et Faure Gnassingbé, soient au moins entendus à défaut d’être considérés comme complices. Mais ce n’est pas demain la veille qu’ils le seront, estime le quotidien ouagalais, car en tant que chefs d’Etat en exercice, tous deux bénéficient de l’immunité, qui les met à l’abri de toute poursuite judiciaire en France dans le cadre de cette affaire. Et on n’ose pas imaginer qu’après leurs mandats respectifs, ils puissent être inquiétés de quelque manière que ce soit. »
En tout cas, pour Le Pays, toujours à Ouga : « il n’est pas exclu que cette affaire éclabousse d’autres chefs d’Etat africains quand on sait que le groupe Bolloré est présent dans 35 pays du continent. »
Le début de la fin pour « Vincent Tout Puissant » ?
« Une chose est sûre, pointe pour sa part Wakat Séra, on nage dans le temps révolu d’une certaine Françafrique qui permettait aux puissants groupes économiques de régner en maîtres, grâce à des positions dominantes, et d’écraser des structures locales qui n’ont pas la force économique d’avoir les gouvernants dans leur poche. »
Et Wakat Séra de s’interroger : « que se passera-t-il dans les prochains jours ? Assiste-t-on au début de la fin de “Vincent Tout Puissant” ? Rien n’est moins sûr, estime le site burkinabé, car l’homme et son groupe sont incontournables en Afrique, certains parlent même d’intouchables dans la quarantaine de pays où leurs intérêts sont implantés. »
Dans l’immédiat, hier, en Guinée, rapporte le site Africa Guinée, le ministre de la Justice, Cheick Sako, a assuré que son pays allait « collaborer » avec la justice française.
Africa Guinée annonce aussi que « l’opposition guinéenne souhaite l’ouverture prochaine d’une enquête parlementaire sur cette affaire. »
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