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«L’Homme de Vitruve» franchira bel et bien les Alpes

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Le célèbre et fragile dessin de Léonard de Vinci - qui représente les proportions idéales du corps humain - pourra franchir les Alpes. L’accord entre le ministre français de la Culture, Franck Riester, et son homologue italien, Dario Franceschini, signé le 24 septembre, qui prévoit un échange d’œuvres du génie toscan et du peintre Raphaël pour deux grandes rétrospectives, l’une au Louvre à partir du 24 octobre et l’autre au musée du Quirinal à Rome en 2020, sera donc pleinement honoré.

«L'Homme de Vitruve», de Léonard de Vinci.
«L'Homme de Vitruve», de Léonard de Vinci. cc Wikimédia
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Rappelez-nous pourquoi le tribunal administratif de Venise avait bloqué le prêt de L’Homme de Vitruve, lors de la première audience le 8 octobre ?

Suite au protocole d’entente franco-italien, l’association de défense du patrimoine, Italia Nostra, dont les positions sont assez nationalistes, avait déposé un recours devant ce tribunal compétent pour Venise et donc pour les galeries de l’Académie où est conservé le dessin de Léonard de Vinci datant de 1490 et rarement exposé car très fragile. D’après Italia Nostra, ce prêt, en particulier, violerait le Code des biens culturels. Qui stipule notamment que « des biens, qui constituent le fond principal et identitaire d’un musée ou d’une galerie ne peuvent sortir d’Italie ».

Quels sont les arguments des juges qui ont finalement permis d’autoriser la sortie du territoire du précieux dessin ?

En fait il y eut une sorte de coup de théâtre. La direction des Galeries de l’Académie de Venise s’est totalement placée du côté de la défense du Ministère de la Culture, en rappelant que L’Homme de Vitruve a été cédé par un collectionneur milanais en 1822. Et que, n’étant pas exposé en permanence, « le dessin n’a pas un caractère identitaire par rapport à Venise ». Les juges ont donc rejeté le recours d’Italia Nostra, au motif qu’il est « sans fondement suffisant »  Ils ont reconnu que le choix de l’actuel gouvernement italien de prêter des œuvres était directement lié à  « l’importance exceptionnelle de l’exposition et à l’aspiration de l’Italie à développer le potentiel de son patrimoine. » Concernant les risques pour L’Homme de Vitruve, question également soulevée par l’association Italia Nostra, ils ont estimé qu’ils peuvent être circonscrits « en réduisant la durée de d’exposition à deux mois et avec des conditions d’illumination limitées à 25 lux ».

Quelles ont été les réactions à cette décision très attendue des deux cotés des Alpes ?

Sans surprise, le Ministère de la Culture s’est félicité de la sentence du tribunal « qui a pleinement reconnu la légitimité du prêt de L’Homme de Vitruve au Louvre » et plus généralement de l’accord franco-italien. Le ministre Dario Franceschini, qui est un des piliers du Parti démocrate, au pouvoir avec le Mouvement 5 étoiles, est évidemment soulagé. Car après les désastres diplomatiques de la Ligue de Salvini, il tient beaucoup à renforcer les liens culturels avec la France. En revanche, la porte-parole d’Italia Nostra, à Venise,Lidia Fersuoch, spécialiste en Histoire, s’est déclarée aussi déçue que perplexe. Pour l’association, dit- elle, « le recours était fondé et le Code des Biens culturels a été violé ». Reste à préciser que même les Italiens seront nombreux à se presser au Louvre car la plupart du temps l’homme parfait est au repos dans un dépôt des galeries de l’Académie de Venise. Et il y retournera après son séjour parisien.

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