Équateur: nouveaux affrontements sanglants dans une prison à Guayaquil, des dizaines de morts
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De nouveaux affrontements entre gangs de détenus dans le centre pénitentiaire de Guayaquil ont fait au moins 61 morts. Fin septembre déjà, 119 détenus avaient péri dans des affrontements entre gangs, le pire massacre de prisonniers de l'histoire de l'Amérique latine.
Les violences entre détenus à coups d'armes blanches, d'armes à feu et d'explosifs ont débuté vendredi 12 novembre dans la soirée dans le bloc 2 du vaste centre pénitentiaire de Guayaquil. Évoquant des scènes d'une grande « sauvagerie », la cheffe de la police, Tannya Varela a indiqué que les « événements sont le résultat d'une dispute territoriale entre bandes criminelles à l'intérieur du pénitencier. »
De violents affrontements sont toujours en cours samedi 13 novembre affirme le porte-parole de la présidence, de 24 heures après le début de la tuerie. « Le gouvernement national a le devoir d'informer qu'en ce moment de nouveaux incidents se produisent à l'intérieur du pénitencier, des attaques ont lieu d'un quartier à l'autre », a déclaré M. Jijon.
« Des attaques ont lieu entre le pavillon 12 et le pavillon 7, la police est entrée dans la zone en ce moment pour protéger la vie des détenus », a affirmé M. Jijon. Pourtant, plus tôt dans la journée, Pablo Arosemena, gouverneur de la province de Guayas (dont Guayaquil est la capitale) assurait que l’intervention de la police pour tenter de rétablir l'ordre dans la prison a « sauvé des vies ».
Une attaque contre les « Tiguerones »
Débutées dans le bloc 2, les violences se sont étendues à d'autres blocs de cellules, où les gangs criminels (« Tiguerones», « Lobos » et autres « Latin King ») liés au narcotrafic font régner la terreur.
Selon le gouverneur de la province de Guayas, Pablo Arosemena, « les échanges de tirs étaient très intenses, très près des portes d'entrée du pénitencier, avec des détonations ».
Les assaillants ont « essayé d'assiéger, de coincer » les détenus du bloc 2. Le chef de ce bloc, connu comme le leader des « Tiguerones », a été libéré mercredi dernier après avoir purgé 60% de sa peine.
« Ce bloc cellulaire (avec quelque 700 prisonniers) étant désormais sans chef, d'autres blocs, avec d'autres gangs, ont essayé de les briser, d'entrer et d'y perpétrer un massacre total », a expliqué le gouverneur. Certains assaillants n'ont pas hésité à faire usage d'explosifs pour percer les murs.
« Selon des informations préliminaires, près de 68 personnes privées de liberté (détenus) ont été tuées et 25 autres blessés », a indiqué le bureau du procureur général, qui a annoncé l'ouverture d'une enquête.
Aggravation de la crise carcérale
Le 28 septembre, 119 personnes sont mortes dans les mêmes circonstances dans cette même prison de Guayas. Le plus grand massacre de l'histoire carcérale de l’Équateur et l'un des pires en Amérique latine. Certains détenus avaient été démembrés, décapités, ou brûlés dans de violents affrontements entre gangs liés aux narcotrafics et aux cartels mexicains.
Le président équatorien Guillermo Lasso a proclamé « l'état d'exception » dans les 65 prisons équatoriennes, avec le déploiement d'importants renforts militaires.
Ces prisons peuvent accueillir 30 000 personnes, mais sont occupées par 39 000 détenus, soit une surpopulation de 30%. Des armes de toutes sortes, de la drogue et des téléphones portables y circulent en grand nombre. Elles sont le théâtre d'une rivalité sanglante entre les redoutables cartels mexicains de Sinaloa et Jalisco Nueva Generacion.
Criminalité liée au trafic de drogue
L’Équateur est confronté à une hausse de la criminalité liée au trafic de drogue, avec près de 1 900 morts violentes depuis le début de l'année, en particulier à Guayaquil, ville portuaire et centre économique du pays.
Dans l'immense prison abritant 8 500 détenus et dont la surpopulation atteint 60%, la violence n'a pas cessé depuis les émeutes de septembre. Les images de milliers de policiers et militaires déployés dans les prisons équatoriennes avaient fait naitre l’espoir d’un retour à la normale, rapporte notre correspondant à Quito, Éric Samson. Mais l'espoir n’aura que fort peu duré. En octobre, 11 prisonniers ont été retrouvés pendus et des détenus se sont filmés il y a quelques jours en train d’en torturer un autre pour obtenir de l’argent de sa famille.
Avec ce nouveau massacre, les émeutes dans les prisons équatoriennes ont fait plus de 308 morts depuis le début de l'année. En février, 79 détenus sont morts dans des émeutes simultanées dans quatre prisons.
Samedi au petit matin, comme ce fut le cas lors du massacre du 28 septembre, des familles de détenus était rassemblées devant le pénitencier de Guayaquil. Elles tentaient de prendre des nouvelles de leurs proches ou criant de désespoir à l'annonce de la mort d'un des leurs.
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(avec AFP)
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