Somalie: le président Farmajo «suspend» le Premier ministre Mohamed Hussein Roble de ses fonctions

En Somalie, le chef de l'État Mohamed Abdullahi, dit Farmajo, a annoncé dans un communiqué dans la nuit du dimanche 26 à lundi 27 décembre « suspendre » son Premier ministre Mohamed Hussein Roble de ses fonctions « suite à des allégations de corruption ». Les deux hommes sont engagés dans un bras de fer autour de la conduite des élections devant aboutir à la nomination d'un nouveau chef de l'État.

Le président de la Somalie Mohamed Abdullahi Mohamed, alias Farmajo, ici à New York, le 23 septembre 2019.
Le président de la Somalie Mohamed Abdullahi Mohamed, alias Farmajo, ici à New York, le 23 septembre 2019. Riccardo Savi / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Le Premier ministre avait été accusé il y a quelques jours par le commandant des garde-côtes, un proche du président, d'avoir profité de l'accaparement d'un terrain appartenant à la marine. Une accusation vigoureusement rejetée par l'intéressé et par plusieurs ministres mis en cause. Le communiqué de Villa Somalia évoque une tentative par le Premier ministre et le ministre de la Défense d'interférer dans l'enquête ouverte par l'armée sur ces allégations.

Malgré la suspension du Premier ministre, le communiqué stipule que les autres membres du gouvernement « continueront à exercer leurs fonctions ». Ce dernier a aussitôt rétorqué, accusant à son tour le chef de l’État de chercher à s’emparer du pouvoir.

Dans un deuxième communiqué quelques minutes plus tard, le président a également « ordonné » la suspension du commandant de la marine somalienne, le général de brigade Abdihamid Mohamed Dirir.

La rupture entre les deux hommes prend source dans le sort réservé à l'enquête sur la disparition mystérieuse d'Ikran Tahlil Farah, une jeune agente du renseignement, en juin. Le Premier ministre avait rejeté l'enquête interne des renseignements, accusant les jihadistes shebabs, et limogé son directeur. Cela alors que la famille de la victime accusait ouvertement la hiérarchie d'Ikran Tahlil Farah, qui aurait été protégée par la présidence. 

Ce dossier sensible sera traité par les tribunaux civils, et non pas une commission d'enquête comme l'avait ordonné le Premier ministre ou la justice militaire comme le souhaitait le président.

Un autre conflit gronde entre les 2 hommes autour de l'élection présidentielle qui tarde à avoir lieu. Le mandat du président Farmajo a expiré en février dernier et il n'y a toujours pas d’entente sur l’organisation d’élection. Et depuis, les 2 hommes s’accusent mutuellement de saboter le processus électoral.

Un processus complexe car ce sont des délégués spéciaux investis par une myriade de clans - au sein des cinq États fédérés - qui choisissent les parlementaires, qui eux-mêmes désignent le président.

Avec cette nouvelle crise, la désignation d’un nouveau chef de l’État semble encore lointaine. Dimanche, les États-Unis se sont d’ailleurs déclarés profondément inquiets par les retards persistants et les irrégularités de procédures qui minent la crédibilité du processus électoral.

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