Une alliance d'acteurs financiers promet le «net-zéro» en 2050, les ONG n'y croient pas

Mark Carney, gouverneur de la Banque d'Angleterre, lors d'une conférence de presse à Londres, le 11 mars 2020.
Mark Carney, gouverneur de la Banque d'Angleterre, lors d'une conférence de presse à Londres, le 11 mars 2020. REUTERS - POOL

Après deux jours consacrés au sommet de chefs d'État et de gouvernement à la COP26 sur le climat à Glasgow en Ecosse, place aux négociations pour tenter de limiter le réchauffement climatique à +1,5 degrés. Ce mercredi a vu également le secteur financier s'engager pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 (pour que les investissements n'engendrent pas plus d'émissions de carbone qu'ils n'en absorbent). De premières annonces critiquées par les ONG.

Publicité

Arriver à un compromis sur les questions de financement est l'un des grands enjeux de cette conférence sur le climat. Mais où trouver les 4000 milliards de dollars annuels nécessaires pour limiter le réchauffement mondial ? L'investissement nécessaire pour décarboner l'économie mondiale est estimé à 100 000 milliards de dollars sur 30 ans, entre 3000 et 4000 milliards annuels (soit environ deux points de PIB supplémentaires).

Gouvernements et institutions multiplient les engagements à la COP26, notamment les acteurs financiers, engagés au sein d'une Alliance qui laisse perplexes les défenseurs du climat. Lancée il y a quelques mois, la « Glasgow Financial Alliance for Net Zero » (GFanz) réunit désormais 450 banques, assurances, gestionnaires d'actifs... de 45 pays, représentant 130.000 milliards de dollars d'actifs, a annoncé l'ancien gouverneur de la banque d'Angleterre Mark Carney. Ces institutions s'engagent à la neutralité carbone d'ici 2050, à « faire leur juste part dans une réduction des émissions de moitié au cours de cette décennie », et à réviser leurs objectifs tous les cinq ans. Elles devront communiquer chaque année sur leurs progrès et les émissions qu'elles financent.

« L'argent est là si le monde veut s'en servir », a dit Mark Carney, qui pilote pour l'ONU cette alliance destinée à embarquer le monde de la finance vers la neutralité carbone et à réorienter l'argent privé vers les seuls investissements climato-compatibles.

Les ONG déçues

Les discussions entre négociateurs des pays du monde entier doivent se prolonger d'ici à la fin de l'évènement. Le président de la COP Alok Sharma se dit optimiste. Il salue « la prise de conscience » du secteur privé. 

Une annonce en trompe l'oeil pour Lucie Pinson, directrice de l'ONG Reclaim Finance. « En vérité, les engagements qui ont déjà pu être pris ne couvrent qu'une partie des actifs qu'ils détiennent. Concrètement, 65% des actifs aujourd'hui échappent à tout engagement en matière climatique. En réalité, ces actifs là vont continuer d'aller au développement d'activités polluantes et notamment dans le secteur des énergies fossiles », estime-t-elle.

Une échéance à 2050 est également trop lointaine pour elle. Ces mesures sont pratiquement insignifiantes face aux enjeux. « Plus de 130 000 milliards de dollars, et pas une seule règle pour empêcher qu'un seul dollar soit investi dans l'expansion des énergies fossiles ! » Les ONG regrettent le manque de contraintes dans cette annonce, notamment qu'elle n'interdise pas d'investir dans le charbon ou le pétrole. L'Alliance ne limite pas non plus le recours aux compensations, n'impose pas une réduction des émissions indirectes.

Après la finance, la journée thématique de jeudi doit être axée sur les énergies. La question de la place des énergies fossiles (notamment le charbon) doit être abordée.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI