Marche mondiale pour le climat: des rassemblements aux quatre coins de la planète

Rassemblement pour le climat près de la Banque d'Angleterre à Londres, le samedi 6 novembre 2021.
Rassemblement pour le climat près de la Banque d'Angleterre à Londres, le samedi 6 novembre 2021. AP - David Cliff

De Glasgow à Sidney, en passant par Londres, Mexico ou encore Nairobi, alors que la COP26 achève sa première semaine de travaux, des dizaines de milliers de personnes ont pris le chemin de la rue, un peu partout dans le monde ce samedi 6 novembre. Elles exigeaient que les dirigeants de la planète en fassent plus dans la lutte contre le réchauffement climatique. Plus de 200 événements étaient prévus, selon la coalition d'organisations à l'origine de la mobilisation.

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Il a fait un temps typiquement écossais, à Glasgow, ce samedi : il pleuvait à verse, relate notre envoyé spécial sur place, Christophe Paget. Mais cela n'a pas empêché la foule d'être au rendez-vous.

Une foule vraiment immense, sous des bannières qui disaient « Sauvez le climat », « Arrêtez les gros pollueurs », « COP26, agissez maintenant », « Arrêtez le charbon », etc. Certains avaient même sur la tête de grandes lettres découpées reprenant les mots de Greta Thunberg, « Bla bla bla », en référence aux beaux discours des politiques.

Il y avait aussi, à Glasgow, des habitants de la ville elle-même. Parmi les choses vues : une petite association qui marchait devant une chenille géante faite d'objets de récupération, tout un symbole. La chenille traverse un changement radical pour devenir un papillon. Et c'est ça que les manifestants défendent, ont-ils expliqué : un changement radical pour atteindre quelque chose d'extraordinaire.

Amina est venue de Belgique avec 200 autres personnes de son pays tout entier. Leur voyage a été financé par des gens qui soutiennent leur cause, qui voulaient se faire entendre à Glasgow. Elle et beaucoup d'autres jeunes ont été très impressionnés, il y a quelques années, par le mouvement Friday For Future, lancé par Greta Thunberg, autour de l'idée de descendre dans la rue pour le climat. Elles ont aussi été influencées par une figure locale belge, Anuna De Wever, et se sont toutes engagées.

► À lire aussi : Marche mondiale pour le climat: à Sidney, les manifestants dénoncent l’inaction de l’Australie

RFI a aussi rencontré un petit groupe de militantes turques toutes vêtues de vert, et qui se disaient catastrophées, parce que leur pays va davantage augmenter ses émissions de gaz à effet de serre qu'il ne va les baisser.

Frank To brandissait pour sa part le drapeau de Taïwan. Le pays ne participe pas à la COP, parce qu’il n’est pas reconnu par l'ONU, alors que ses problèmes climatiques –typhons, sécheresse – sont bien réels.

Parfois, les délégués ne suffisent pas non plus : un Bangladais rencontré se désespérait que ceux de son pays, frappé par les inondations, ne soient pas écoutés par les plus puissants. Il réclame les 100 milliards de dollars par an promis pour l'adaptation au changement climatique.

Les problèmes soulevés sont graves, mais dans une ambiance qui se veut festive, autour de danses, tambours et parfois cornemuse.

Et puisque cela se passe, justement, en Écosse, les indépendantistes étaient eux-mêmes présents dans cette manifestation. Il y avait des drapeaux un peu partout distribués entre autres par Mickael, qui considère que le gouvernement écossais ne peut pas faire quoi que ce soit pour le climat tant qu'il est dans le Royaume-Uni. L'Écosse devrait selon lui devenir indépendante pour pouvoir faire sa part dans la lutte.

La manifestation s'est peu à peu dirigée vers Green Park, là aussi tout un symbole. Alors que la COP26 se déroule cette année dans la ville écossaise, des figures du mouvement ont pris la parole. À la fin de la marche, des intervenants venus du Chili, du Brésil ou encore des îles du Pacifique ont appelé la foule à tordre les bras des dirigeants pour obtenir une justice climatique : « Il est impossible de nous arrêter, et oui, nous allons guérir cette Terre », a martelé l'Ougandaise Vanessa Nakate.

À Londres, un rendez-vous au cœur de la City

Dans la capitale du Royaume-Uni, le cortège s’est élancé en début d’après-midi, rapporte notre correspondante, Claire Digiacomi. Les manifestants se sont donné rendez-vous au cœur de la City, devant la Banque d’Angleterre, une manière de dire que la lutte contre le changement climatique passe avant tout par la finance, celle des énergies fossiles, qui contribuent au réchauffement climatique.

Les manifestants devaient marcher environ 3 kilomètres pour rejoindre Trafalgar Square, dans le centre de Londres. Aux dernières nouvelles, les gens continuaient d’affluer, beaucoup de jeunes mais pas que, puisqu'il y avait aussi des parents, des grands-parents...

Janet, 52 ans, nous disait que quand elle avait 20 ans, on parlait déjà du climat, mais que le sujet n’était pas pris au sérieux comme aujourd’hui. Elle regrette de ne pas s’être mobilisée à ce moment-là. C’est pour cela qu’elle est venue ce samedi. Pour elle, la COP26 à Glasgow, c’est jusqu’ici du « greenwashing », ce qu’elle a inscrit sur sa pancarte. Elle estime que les dirigeants du monde entier se donnent bonne conscience en se parant de vert, mais que tout cela n’est que fatal.

► À lire aussi : Le «greenwashing», une grande mascarade dénoncée avec virulence sur les réseaux sociaux

La COP26 est porteuse d’espoir, mais certains manifestants jugent aussi que cette première semaine a été très timide – trop timide. Ce qu’ils veulent voir dans les prochains jours, ce sont de vrais engagements pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré au-dessus du niveau préindustriel, inscrit dans l’accord de Paris en 2015.

Marche pour le climat: reportage dans la manifestation de Londres

Peu de monde en début de rassemblement à Paris

Dans la capitale française, le rassemblement a commencé à 12 heures (heure de Paris), devant l'hôtel de ville. Peu de monde au début du rassemblement, et un peu de déception du côté des organisateurs comme Attac, Alternatiba, Extinction Rebellion ou encore Oxfam, rapportait notre envoyé spécial sur place, Pierre Olivier.

Pour autant, les personnes réunies étaient très déterminées. Il s'agissait d’ailleurs majoritairement de jeunes entre 25 et 40 ans, et beaucoup sont venus avec leurs enfants et un message clair : « On ne veut pas que les futures générations nous accusent de n’avoir rien fait, de ne pas avoir bougé le petit doigt pour sauver notre planète. »

Parmi les messages que souhaitaient faire passer les personnes réunies, il y avait aussi l’inaction des dirigeants. Et d’ailleurs, de grands portraits des leaders mondiaux, peints sur de grandes toiles, étaient étalés sur le parvis, avec ce sous-titre : « Inactifs à la COP26, mourants en 2050 ».

Mais malgré l’urgence qui semblait émaner de ce message, les badauds qui se promenaient et les touristes semblaient regarder ce rassemblement avec un certain amusement, en tout cas sans se joindre aux festivités, préférant continuer leur promenade. « C’est triste », confiait l’un des participants qui, pour autant, ne semblait pas résigné, et même encore plus motivé pour continuer ce genre d’action.

Marche pour le climat: reportage dans la manifestation de Paris

À Sydney et à Melbourne, des manifestants déguisés en tas de charbon ou en Scott Morrison, le Premier ministre australien grand défenseur de l'industrie minière, ont dénoncé la COP26 comme étant « une comédie » et leur chef de gouvernement comme « une honte absolue ». En Corée du Sud, quelque 500 personnes ont défilé à travers les rues de la capitale Séoul pour demander une aide immédiate aux populations déjà frappées de plein fouet par les effets du réchauffement de la Terre.

► À lire aussi : La COP26 est un « échec », estime Greta Thunberg devant des milliers de jeunes à Glasgow

À Glasgow, les négociations de la COP26, prévue pour durer jusqu'au 12 novembre, se sont poursuivies ce samedi avant un jour de relâche dimanche.

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