COP26: reprise des négociations après une première semaine d'annonces et de promesses
Publié le : Modifié le :
La COP26 a démarré il y a une semaine et elle aura été celle des premières annonces sur fond évidemment de négociations puisqu'il s’agit ici de revoir à la hausse l'accord de Paris de 2015. Des travaux aussi sur fond de pression des défenseurs de l'environnement qui ont manifesté samedi et doutent de l'issue positive des débats.
Avec nos envoyés spéciaux à Glasgow, Christophe Paget et Jeanne Richard
Durant cette première semaine de COP, il y a eu des promesses sur le charbon notamment : la promesse de vingt pays d’arrêter de financer les énergies fossiles à l’étranger, mais aussi de quarante pays de passer du charbon à l’énergie propre d’ici 2030-2040.
Certains gros consommateurs comme la Corée du Sud ont répondu présents, mais les grands acteurs du secteur (Australie, Chine, États-Unis) sont aux abonnés absents. Pourtant, depuis le début de cette COP, on se cale plus sur les 1,5° de réchauffement à ne pas dépasser que sur les 2°, et moins de préférence, du Traité de Paris.
Pour cette conférence internationale, de nombreux chefs d’État et de gouvernement avaient répondu présents mais les absences prévues ont été remarquées, particulièrement celle du Chinois Xi Jinping.
Cette conférence internationale a également été marquée par des manifestations, en fin de semaine, avec notamment Greta Thunberg. La militante suédoise affirmait déjà que la COP26 était un échec alors qu’elle n’est pas encore terminée.
►À lire: Marche mondiale pour le climat: des rassemblements aux quatre coins de la planète
Des politiques environnementales largement insuffisantes
Selon l’accord de Paris, chaque pays doit déposer un programme auprès de l’ONU. Ces contributions nationales, ou NDC dans le jargon onusien, sont censées témoigner d’ambitions rehaussées. Pour l’instant 166 pays sur 193 ont rendu leur copie, mais beaucoup sont floues ou n’affichent aucune avancée. Quelques pays retardataires ont aussi donné leurs NDC. On attend de savoir quels seraient leurs effets sur les 2,7° vers lesquels on se dirigeait avant la conférence.
Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie, Fatih Birol estime que pour l’instant, ces engagements, s’ils étaient entièrement appliqués, et dans les temps, permettraient de limiter le réchauffement à 1,8°. Ils seraient donc conformes à l’accord de Paris.
Mais attention à ne pas crier victoire trop tôt, car les promesses ne sont pas toujours mises en œuvre. Les politiques actuelles restent largement insuffisantes par rapport à ce qui avait été promis lors des COP précédentes.
Les négociations sur le fonctionnement du marché carbone
La COP26 reprend ce lundi 8 novembre après une journée de pause et deux gros dossiers sur la table, qui font l’objet d’âpres discussions à commencer par le marché carbone, puisqu’il faut élaborer son fonctionnement et que c’est complexe d’autant que son principe n’est pas accepté par tous.
Cassie Flynn participe aux négociations en tant que conseillère sur le climat au Programme des Nations Unies pour le développement, qui entre autre aide les pays signataires du Traité de Paris à tenir leurs engagements: « Le marché carbone, cela fait partie des sujets extrêmement importants, insiste t-elle. Parce que cela a à voir avec ce qui est tellement unique dans l’action climatique et le Traité de Paris : il y a un rôle-clé pour le secteur privé. »
Comment le secteur privé s’engage dans l’action climatique, comment le marché carbone fonctionne, les règles sur la manière dont les transactions doivent être faites, comment en rendre compte, qu’est-ce qu’on fait avec le produit des transactions, etc. Ce sont les questions qui sont en jeu aujourd’hui à la COP.
Obtenir un engagement du monde entier
« J’espère vraiment que cette semaine, nous allons faire des progrès sur certaines questions. Pas toutes, je pense ! C’est un sujet sur lequel il y a toujours eu beaucoup de perspectives différentes: certains pays disent que le marché a un rôle-clé dans la lutte contre la crise climatique. D’autres pays disent que non, que le marché n’a rien à faire ici, que nous devons nous concentrer sur des solutions en dehors du marché. »
L’enjeu de ces négociations, c'est qu’absolument tous les pays doivent s’entendre, et cela demande des années et des années de négociations rappelle Cassie Flynn. « Mais cela veut aussi dire que si nous obtenons quelque chose, le monde entier s’y engage. »
L’aide à l’adaptation pour les pays en voie de développement
Et puis, dernier dossier, il y a également les fameux 100 milliards de dollars par an d’aide à l’adaptation pour les pays en développement, promis à l’origine pour 2020. Aux dernières nouvelles, ce serait pour 2022. La question est aussi de savoir si cette aide sera revue à la hausse, comme beaucoup le demandent.
Alok Sharma, le président de la COP s’est dit « prudemment optimiste » la semaine dernière sur l’avancée des discussions. L’objectif est de se mettre d’accord sur un texte commun, mais tout peut se jouer dans les dernières heures de cette COP le 12 novembre. Il est même probable que l’engagement final ne soit publié que plus tard durant le week-end.
►À lire: L’idée d’un Impôt sur la fortune (ISF) climat fait son chemin
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne