Angela Merkel, la «Tsarine» de la droite allemande
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Ce mardi 4 décembre à Hanovre, Angela Merkel a été réélue présidente de son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), et consacrée candidate à sa réélection à la chancellerie, avec 97,94% des voix, en vue des législatives de septembre 2013. La dirigeante allemande est plus que jamais la « Dame de fer », pour ceux qui la critiquent ou la « Tsarine », pour ceux qui l'admirent.
Article mis à jour suite à la réélection d'Angela Merkel à la tête de la CDU
Tandis que dans d'autres pays européens l'économie connait un recul dramatique, nous somme le moteur de croissance de l'Europe.
Angela Merkel
Le 27 septembre 2009, les cris « Angie, Angie » résonnaient dans le quartier général des chrétiens-démocrates à Berlin. Angela Merkel fêtait sa victoire aux élections législatives : « Nous avons réussi quelque chose de formidable : nous avons atteint notre objectif d’une majorité stable pour former un nouveau gouvernement. »
Aujourd’hui, trois ans plus tard et à dix mois des élections, la chancelière allemande a toujours le vent en poupe. Angela Merkel, déclarée « femme la plus puissante de la planète » pour la cinquième fois en six ans par le magazine Forbes, remporte régulièrement la palme du personnage politique le plus populaire. Dans une récente étude Infratest, elle recueille 68% d’avis favorables, loin devant le candidat social-démocrate Peer Steinbrück qui doit se contenter de 50% d’opinions favorables.
« Mutti » Merkel rassure les Allemands en ces temps de crise
Quelle est la recette de son succès ? Pour Hélène Miard-Delacroix, professeur à l'université La Sorbonne de Paris pour les études germaniques, la chancelière séduit moins par sa politique que par sa personnalité : « Elle est raisonnable, elle est rationnelle, elle donne l’impression de s’attaquer aux problèmes d’une manière froide en prenant son temps. Donc, elle incarne la mère protectrice qu’on surnomme ‘Mutti’ – avec cette rondeur censée protéger les Allemands des affres contemporains et en particulier de la crise. »
Angela Merkel, la « mère protectrice » pour les Allemands, est en revanche décriée comme la « mère Austérité » en Europe du Sud, où elle est devenue la cible de tous ceux qui souffrent des mesures de rigueur dictées sous la pression internationale. A Athènes, Lisbonne ou Madrid, Angela Merkel doit craindre les jets d’œufs ou même des paroles « Nazie dehors », tandis que chez elle, sa fermeté séduit. « Dans leur immense majorité, les Allemands sont persuadés qu’il faut une cure d’austérité aux pays du Sud. Là-dessus, Angela Merkel est totalement en phase avec l’opinion publique », souligne Thomas Klau, chef du bureau parisien du Conseil européen des relations étrangères.
Angela Merkel récolte les fruits des réformes sociales-démocrates
« L’exception allemande » est bien réelle – avec une reprise de la croissance depuis la sortie de la crise en 2009 et une baisse du chômage. Aucun autre pays ne profite autant de l’euro que l’Allemagne. Mais est-ce le seul mérite de la chancelière ? Henning Uterwedde de l’Institut franco-allemand à Ludwigsburg ne le pense pas : « Angela Merkel récolte les fruits des réformes imposées aux Allemands par son prédécesseur Gerhard Schröder. Du coup, c’est difficile pour le SPD de l’attaquer ».
Lors du congrès à Hanovre, les délégués de l'Union chrétienne-démocrate ont donc misé sur la « Tsarine », leur grand atout pour gagner les élections prévues en septembre 2013. Les 1 000 délégués ont en effet plébiscité celle qui dirige le parti depuis douze ans, avec un score sans précédent pour elle (97,94%). En 2010, Angela Merkel avait obtenu 90,4% des voix. Seule candidate à sa succession, aucun rival ne pouvait la menacer cette fois-ci, selon Henrik Uterwedde : « Angela Merkel a beaucoup fait ces dix dernières années pour évincer ses rivaux potentiels. Maintenant, elle est le leader incontesté de la CDU et le parti se résume plus ou moins à la chancelière. »
Avec une Angela Merkel désormais officiellement candidate à la chancellerie, la campagne électorale de la CDU va probablement s'axer sur… Angela Merkel, qui ne montre aucun signe d'usure, malgré les sept ans passés au pouvoir.
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