Grande-Bretagne: condamnation pour l’escroc aux faux détecteurs de bombes
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Un homme d’affaires britannique a été condamné, le 2 mai 2013, à dix années de prison pour une escroquerie de grande ampleur. James McCormick est accusé d’avoir vendu à des Etats, à des institutions internationales et à des sociétés privées de faux détecteurs d’explosifs, réalisant un profit de plus de 60 millions de dollars.
L’arnaque de James McCormick est tellement invraisemblable qu’elle fait partie de ces histoires dont on a du mal à croire, même au cinéma. Et pourtant, cet homme d’affaires britannique est parvenu à vendre un produit défectueux, inutile et inefficace aux responsables de plusieurs Etats et institutions internationales pour plusieurs millions de dollars.
Son invention : un soi-disant détecteur d’explosifs. James McCormick vantait les mérites de son appareil capable de déceler des substances dangereuses à distance, jusqu’à cinq kilomètres dans les airs. Cet engin se présentait sous la forme d’un pistolet armé d’une antenne et accompagné d’un petit boîtier. Un objet qui se voulait révolutionnaire, décliné sur plusieurs modèles du bas de gamme ADE 100 au high-tech ADE 651, vendu près de 40 000 dollars pièce. Un packaging et un discours qui devaient être convaincant, car les victimes sont plutôt prestigieuses.
L’Etat irakien, la Belgique et même l’ONU sur la liste des victimes
L’arnaque de James McCormick commence en 2007 en Irak. Grâce aux versements de pots-de-vin très généreux, il parvient à signer son premier contrat d’envergure pour ses détecteurs. Jusqu’ici ces ventes étaient restées confidentielles et d’un coup l’Etat irakien lui passe une commande de près de 44 millions de dollars. Forcément, cette signature va susciter un réel intérêt et lui offrir de nombreuses portes puisque par la suite l’homme d’affaires conclut des accords avec d’autres Etats parmi lesquels le Niger, la Géorgie ou encore la Belgique, mais surtout avec l’ONU. L’organisation internationale s’intéresse à ces détecteurs notamment pour équiper les casques bleus déployés au Liban.
Jusque-là, l’histoire semblait plutôt belle, James McCormick incarnait alors l’apparence d’une certaine réussite, il était en affaires avec une vingtaine de pays. Mais l’image se fissure quand il est révélé que ses détecteurs ne sont pas aussi performants qu’ils n’y paraissent. Le Niger, qui en avait acheté dix unités, s’est rendu compte de leur inefficacité suite à plusieurs explosions à Niamey. L’Etat avait même demandé au vendeur à être remboursé. Même suspicion en Irak où plusieurs militaires anglais et américains doutaient sérieusement de l’utilité de l’ADE 651 et avaient fait part de leur méfiance aux autorités.
Détecteurs pour balles de golf
Des investigations plus poussées ont finalement révélé que ces appareils étaient conçus pour détecter… des balles de golf. Vendus 15 dollars aux Etats-Unis, ils étaient légèrement retouchés par le businessman anglais avant d’être revendus à ses clients. Pour ces faits, James McCormick a été condamné par un tribunal britannique à dix ans de prison. « En vendant autant d'appareils inutiles pour un bénéfice énorme, vous avez créé un faux sentiment de sécurité et, selon toute probabilité, vous avez sensiblement contribué à tuer et blesser des innocents », a déclaré le juge Richard Hone.
Une condamnation qui n’a pas totalement arrêté pour l’instant la carrière de l’ADE 651 puisqu’il serait encore en service dans de nombreux endroits du monde. En Irak, la police utiliserait toujours le faux détecteur. Enfin, de nombreux hôtels avaient fait l’acquisition de cette technologie au prix d’un important investissement. Difficile d’y renoncer d’autant plus que le faux détecteur, malgré son inefficacité prouvée, conserve encore des inconditionnels.
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