Le rouble s'impose peu à peu en Crimée
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Depuis le rattachement de la Crimée à la Russie, le 18 mars dernier, la circulation du rouble est autorisée. La monnaie russe doit remplacer peu à peu la monnaie ukrainienne, la hryvna, qui peut encore être utilisée pendant deux ans, jusqu’en 2016.
Avec nos envoyés spéciaux à Simferopol, Muriel Pomponne et Bertrand Haekler
Dans cette grande surface de bricolage de Simferopol, tous les prix sont indiqués en gros en rouble, et en petit en hryvnas. « On regarde les prix en hryvna. On n’est pas encore habitué au rouble. Mais ce n’est pas la première fois qu’on change de monnaie. Dans les années 90, on a changé trois fois en un an : on a eu le rouble, des coupons, et la hryvna. Alors franchement, ça ne nous fait pas peur ! », commente un jeune couple venu acheter du carrelage
À la pharmacie du centre, la vendeuse est prête à accepter les roubles. « Nous ne les refusons pas. Il faut seulement vérifier le taux de change. Mais nous n’avons pas eu l’occasion de le faire, car personne n’a encore proposé de nous payer en rouble. Et on ne pourrait pas rendre la monnaie en rouble, car nous n’en avons pas », explique-t-elle.
Cette retraitée est contente, car elle vient de recevoir sa première pension en roubles, mais elle utilise encore les hryvnas. « J’utilise encore des hryvnas, car j’ai mes économies et j’ai peur que bientôt, ça ne vaille plus rien ! Alors je dépense mes hryvnas, et après je changerai pour le rouble ! C’est valable encore pendant deux ans. C’est mon fils qui gère mon argent. Ma belle-fille dit que les prix ont augmenté. Mais je pense que c’est partout pareil. Dès qu’il y a un changement, les prix montent ! », affirme-t-elle. Si pour l’instant, sa pension n’a pas augmenté, elle est sûre que cela va changer.
Bienvenue en Crimée !
Avec nos envoyés spéciaux à Simferopol,
« Vous partez à Simferopol ? » La réceptionniste de l’hôtel à Kiev où nous avons séjourné devient pâle. « Soyez prudent ! » « C'est dangereux », renchérit un peu plus tard le chauffeur de taxi qui nous emmène à la gare. Dans ce train de nuit Kiev-Simferopol voyagent des hommes qui travaillent en Crimée, des femmes qui ont des parents de part et d'autre de la nouvelle frontière. Il n’y a que peu de familles et d'enfants. Ce sont pourtant les vacances scolaires.
Le voyage est long. Vers 6h du matin, le train stoppe à Melitopol, dernier arrêt en Ukraine continental. Des douaniers ukrainiens contrôlent les passeports. Un peu plus loin, à l'entrée de la péninsule, des militaires patrouillent le long de la voie de chemin de fer et de la route. Trois heures plus tard, le train s’arrête à Djankoù. Le drapeau russe blanc, bleu, rouge, flotte sur la gare. Nouveau contrôle des passeports, cette fois par des militaires sans insigne distinctif. Le passeport français est longuement examiné, photographié. Un coup de fil est donné à un supérieur.
Nous arrivons enfin à Simferopol. Un comité d'accueil musclé nous attend sur le quai. Ce sont des miliciens, dont un encagoulé portant une arme automatique. Ils examinent nos bagages, très suspicieux. « Des journalistes ? Pourquoi ? Tout est fini ! », demandent-ils. Après quelques explications et une poignée de main, nous sommes les bienvenus à Simferopol.
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