À Lesbos, des migrants manifestent et se heurtent aux forces anti-émeutes

Des exilés face à la police anti-émeute, à l'extérieur du camp de Kara Tepe, sur l'île de Lesbos, le 3 février 2020.
Des exilés face à la police anti-émeute, à l'extérieur du camp de Kara Tepe, sur l'île de Lesbos, le 3 février 2020. REUTERS/Elias Marcou

Les forces anti-émeutes ont fait usage de gaz lacrymogènes lundi sur l'île grecque de Lesbos contre des migrants, qui manifestaient contre une nouvelle loi durcissant les procédures d'asile en Grèce.

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Brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire en anglais « Freedom », quelque 2 000 migrants ont manifesté ce lundi 3 février à Lesbos. Ils réclamaient l'examen de leur demande d'asile, que certaines attendent depuis des mois, voire des années, et protestaient contre les conditions de vie à proximité et à l'intérieur du camp de Moria, le plus grand de Grèce.

Les manifestants avaient parcouru environ 7 km entre le camp de Moria et le port de Mytilène, quand des policiers anti-émeutes leur ont barré la route en lançant des gaz lacrymogènes, rapporte une source policière citée par l'AFP. Des centaines de demandeurs d'asile ont toutefois réussi à atteindre le port pour y manifester.

Le Haut Commissariat des réfugiés de l'ONU (HCR) en Grèce souligne les « retards significatifs » pris par les services grecs de l'asile, avec près de 90 000 demandes en souffrance dans un pays qui compte actuellement 112 300 migrants sur les îles et sur le continent, selon les chiffres de l'organisation. Des retards qui participent aux conditions de vie désastreuses des exilés sur les îles grecques.

Situation explosive

La situation est devenue explosive à Lesbos, Samos, Kos, Chios et Leros, sur la mer Égée, où vivent 42 000 demandeurs d'asile pour 6 200 places. « À Lesbos on a des milliers de gens qui vivent hors des structures du camp de Moria, sous les arbres, sous de petites tentes », rapporte Boris Cheshirkov, porte-parole de la section grecque du HCR, joint par RFI. Sur ces îles, les bagarres entre demandeurs d'asile sont en outre fréquentes, et au moins quatre personnes ont perdu la vie ces derniers mois.

« La première chose à faire est de transférer plusieurs milliers de personnes sur le continent dans de meilleures conditions de vie, parce que si on ne réduit pas sérieusement le nombre de personnes sur les îles, il n'y aura pas de solution. En parallèle, il faut plus de personnel, plus de services, plus d'hygiène et des procédures administratives plus rapides. Dans le même temps, les pays européens peuvent faire beaucoup plus en ouvrant des places de relocalisation. Le HCR a notamment demandé à des États de prendre en charge une partie des enfants seuls. Il y a eu un programme de relocalisation, mais il a pris fin en 2017 », déplore Boris Cheshirkov.

Face au nombre constant d'arrivées depuis la Turquie voisine, le gouvernement grec de droite a fait voter une loi, entrée en vigueur en janvier, prévoyant des délais brefs pour examiner les demandes d'asile, en vue de renvoyer les demandeurs non éligibles ou déboutés dans leurs pays d'origine ou vers la Turquie.

Le HCR-Grèce a appelé « les autorités à mettre en place des procédures justes et efficaces pour identifier ceux qui ont besoin d'une protection internationale en respectant les normes et les garanties adéquates ».

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