Plan de relance: Varsovie et Budapest maintiennent leur front commun face à Bruxelles
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Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki était ce jeudi en visite à Budapest, accueilli par Viktor Orban. Les chefs de gouvernement continuent à faire front commun face à l’Union européenne. Tous deux ont mis leur veto à l'adoption du budget européen et du plan de relance, soit en tout 1 800 milliards d’euros, ce qui en a énervé plus d’un à Bruxelles.
Les deux Premiers ministres, Viktor Orban et Mateusz Morawiecki se sont rencontrés à Budapest pour coordonner leurs positions après avoir opposé leur veto afin de contrer le mécanisme de l’État de droit.
Ils s'opposent à la mise en place d'un mécanisme qui priverait de fonds européens les pays accusés de violer l'État de droit. Les deux alliés s’affichent comme un duo inséparable.
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Viktor Orban et son homologue polonais campent sur leurs positions, constate notre correspondante à Budapest, Florence La Bruyère. Pas question de lier les aides européennes à l’État de droit, a rappelé Viktor Orban. « Cette proposition, qui est actuellement sur la table, de lier la gestion de la crise et de l’économie à des questions juridiques, est inacceptable pour la Hongrie », a-t-il précisé.
Pour montrer leur unité, Viktor Orban et Mateusz Morawiecki ont signé une lettre commune. « Avec mon homologue polonais, nous avons signé un accord : la Hongrie n’acceptera aucune proposition qui serait inadmissible pour la Pologne », poursuit Viktor Orban. Ce qui est inacceptable pour l'un sera présumé inacceptable pour l'autre, conclut leur communiqué commun.
Prise en otage de la relance européenne
Les citoyens européens croient en la démocratie, ils veulent des garanties solides contre la corruption, réagit au Parlement européen le président du groupe centriste Dacian Cioloş qui accuse les Premiers ministres hongrois et polonais de prendre en otage la relance de l’UE.
Mateusz Morawiecki et Viktor Orban ont choisi la position dure, celle de l’opposition frontale, estiment des diplomates. Pour ces derniers, il y a désormais peu de chances qu’un dénouement se produise avant le sommet européen des 10 et 11 décembre prochain, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet.
Désormais, on estime à Bruxelles que Viktor Orban n’est pas prêt à se satisfaire d’autre chose que d’une décision prise d’égal à égal avec ses homologues européens, afin de la présenter à son opinion publique comme une victoire arrachée de haute lutte.
Mais on souligne aussi à Bruxelles que le communiqué polono-hongrois ménage une lueur d’espoir en critiquant le mécanisme de l’état de droit pour des critères vagues et ambigus des sanctions éventuelles et pour l’absence de garanties de recours. En garantissant les recours et en précisant les critères estiment désormais certains, on va pouvoir trouver une porte de sortie.
S’attaquer à l’État de droit, après le plan de relance ?
Pour sortir de l’impasse, Viktor Orban a, quant à lui une idée : « Quelle est la solution ? Notre point de vue est clair : on ne peut pas parler en même temps de l’État de droit et résoudre la crise économique. »
Varsovie et Budapest proposent de s’attaquer au problème en deux temps. D’abord adopter le plan de relance et, ensuite, laisser le Conseil européen trancher sur l’épineuse question de l’État de droit. Reste à savoir si cette idée convaincra les autres européens.
De notre correspondante à Varsovie, Sarah Bakaloglou
La Pologne dénonce une menace à sa souveraineté. Un combat idéologique qui s’ajoute aussi à des rivalités politiques internes. Pour l’hebdomaire polonais Polityka, si les arguments idéologiques monopolisent le débat public en ce moment en Pologne, « ce budget » écrit le magazine de centre-gauche « est en fait en train de devenir une victime de la guerre civile au sein de la droite polonaise » (…) , « une bataille de plus entre le ministre de la Justice et le Premier ministre du pays ».
Car depuis plusieurs jours, ce ministre de la Justice, le turbulent Ziobro a en effet multiplié conférences de presse, déclarations et envoi de lettres sur le sujet. Celui qui représente l’aile la plus à droite de la majorité au pouvoir a mis en garde le Premier ministre, Mateusz Morawiecki, perçu comme trop modéré.
Il n’est pas question de céder à la pression, et de ne pas mettre un veto au budget européen, « il faut savoir être dur en négociation », a martelé le ministre de la Justice, dont le petit parti est dans la coalition au pouvoir, aux côtés du parti Droit et justice, le PIS.
Une coalition fragilisée qui avait failli exploser en septembre dernier, obligeant le chef du PIS et homme fort du pays, Jaroslaw Kaczynski, à entrer au gouvernement pour remettre de l’ordre dans les rangs de sa majorité.
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